BloguesScène locale

FME 2010, jour 1: guitares à gogo

Les Vulgaires machins 

Fidèle à la tradition, le huitième festival de musique émergente d'Abitibi-Témiscamingue a débuté sans tambours ni trompettes, hier, 2 septembre, à Rouyn-Noranda, avec un 5 à 7 sans flafla à l'intime Cabaret de la dernière chance. Pas de symbolique coup de pic de guitare donné par le maire, de remise des clés de la ville ni d'autre cérémonie du genre. Juste de la musique, en l'occurrence celle de la native du coin Chantal Archambault, ainsi qu'un méchoui ouvert à tous dans la cour arrière du bistro.

Arrivé in extremis dans la ville minière oblige, je n'ai pu attraper que les dernières chansons de la nouvelle recrue d'Indica. C'était le lancement officiel de son nouvel album, La Romance des couteaux, et elle était d'humeur aux remerciements, mais le bout de concert attrapé était énergique, bien pimenté par la présence de Dany Placard aux chœurs et guitares (c'est lui réalisé l'album). Elle a conclu avec la punky Hôtel des lilas, un des bons extraits du nouvel opus. On n'a pas fini d'entendre parler d'elle.

Place, ensuite, au traditionnel concert inaugural, qui souligne autant le début du FME que la rentrée étudiante. Cette année, l'événement avait lieu sur la huitième rue, en face du Théâtre Desjardins, plutôt que sur le site de l'Université du Québec en Abiti-Témiscamingue (UQAT). Au cœur du festival plutôt qu'à dix minutes du centre-ville, quoi. Sage décision. Signe qu'on est à Rouyn: même un groupe peu connu comme La Descente du coude peut susciter une ambiance festive, même sur une grosse scène extérieure. Il faut dire que le quatuor a donné un set bien vitaminé, que le chanteur Simon Leduc a une présence engageante et qu'un grand nombre de gens (bondée, la huitième rue) attendaient déjà les Vulgaires Machins. L'assortiment était bien pensé. Quant aux Vulgaires, justement, ils n'ont pas eu à ramer fort pour mettre le feu aux poudres. Dès les premiers brûlots, ça trashait allègrement dans le premier tiers de du parterre. Au micro, le chanteur Guillaume Beauregard a badiné un peu («Salut, on est Damien Robitaille!»), mais lui et la guitariste Marie-Ève n'ont pas manqué de ressortir leur facette engagée au moment de souligner le caractère estudiantin de la soirée, notamment en déplorant la hausse prochaine des frais de scolarité. 

LE gros concert de la soirée, pour moi, devait être celui des Besnard Lakes, à l'Agora des arts – une ancienne église convertie en salle de concert (surchauffée, mais belle et plutôt bien pourvue sur le plan acoustique). Le quatuor montréalais a été fidèle à lui-même: psychédélique à fond, aussi lourd et musclé que céleste, fumée et éclairages psychés à l'appui; offrant quelques grands moments, comme les si bien composées Disaster et And You Lied to Me. Malheureusement, la prestation a été interrompue par deux fois par des pannes de courants du système de son. Les trois-quarts du groupe ont bien composé avec la situation, y allant d'un peu de badinage et même d'un solo de batterie (à la demande du chanteur Jace Lasek – une blague, mais le public a renchéri), mais pas le guitariste Richard White, qui a tout bonnement décidé de quitter la scène lorsque la deuxième coupure est survenue. Il a vraiment fallu que Lasek insiste pour qu'il revienne. Pas très professionnel.

On doit également déplorer réaction mitigée du public rouynorandien au space-rock des Besnard Lakes, en dépit d'une prestation solide. À la fin, il ne restait plus que quelques dizaines de personnes dans l'Agora des arts. Ceux-là avaient manifestement apprécié, si on en juge par la force des applaudissements, mais j'ai vu des visages décontenancés à l'écoute du chant haut-perché de Lasek. Tsss. N'empêche, le tandem de six-cordes shoegaze que forment Lasek et White est une vraie fête pour les oreilles. Il y a du grain, de la profondeur, de savoureuses salves de trémolo…

En premières parties, le quintette français GaBLé – une affaire ultra théâtrale et dissonante à la Dyonisos, mais plutôt inventive et intéressante sur le plan musical ‒ et le combo de rock instrumental Bateau noir ont connu un meilleur acceuil. Le mur à trois guitares de ce dernier combo ressortait particulièrement bien dans l'enceinte de l'Agora des arts.

Bien épuisé après une longue journée de route, j'ai été conclure cette première soirée au Cabaret de la dernière chance, ou le quatuor Les Revenants célébrait le lancement de son premier EP. Là encore, les sonorités de guitares goûteuses étaient à l'honneur, cette fois sur un mode country teinté d'accents rockabilly et lounge. Bonjour le twang, le reverb… Heureusement, l'intérêt du quatuor ne s'arrête pas à son habillage sonjore: il propose aussi d'excellentes compositions, simples, mais efficaces, authentiques à souhait sans être poussiéreuses. Elles alternent entre un country (francisé) à la Hank Williams ou Johnny Cash et des tableaux instrumentaux en cinérama à la Sadies, Friendz of Dean Martinez, etc.

Bref, une première soirée bien remplie, agrémentée d'une météo clémente. Les prévisions ne sont pas roses pour les prochains jours; il se peut qu'on doive les passer sous la pluie et dans le froid. On allume des cierges et on fait son horaire pour ce soir: Salomé Leclerc, Gigi French, Howe Gelb, We are Wolves, Jesuslesfilles, Fred Fortin, The Sadies