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FME 2010 – jour 2: traditions, traditions, traditions…

 

Fred Fortin @ FME

Il ne s'agit pas que d'aller revoir les noms auxquels on est abonné à Montréal. Profitons-en pour faire des découvertes. Des nombreuses options offertes en 5 à 7 (la folkeuse Émilie Clepper, le lancement d'album d'Alex Nevsky, l'ex-Georges Leningrad Dominique Pétrin…), j'opte donc pour celle que je ne connais pas: Salomé Leclerc au bistro Chez Bob. Comme d'habitude, l'endroit est bondé. Accompagnée de Philippe B. à la guitare, la demoiselle donne dans un folk-pop très chanson, mais avec un petit «edge». Ce dernier se contient surtout dans son utilisation de la six-cordes: bien en avant, un peu pinçante… Elle a quelques bonnes mélodies, et Philippe B. peut ici déployer tout son talent de guitariste, mais l'ensemble est au final assez convenu, la fibre comme le service.

La soirée débute avec un va-et-vient entre l'Agora des arts et le Petit Théâtre. À l'Agora, beaucoup de monde attend l'ex-Hot Springs Gigi French. D'ordinaire festive et légère, elle laissera à Rouyn une première impression, disons, plus trash. Clairement un peu éméchée, la chanteuse a passé sa prestation à lutter avec une robe défaillante, donnant lieu à plus d'un moment à la Janet Jackson, et a livré son mélange de jazz et de folk avec une attitude nettement plus sombre qu'à l'habitude. Pas un désastre pour autant, mais un set erratique qui ne rendait pas justice à son talent. L'Américain Howe Gelb, en tête d'affiche, a lui aussi donné une prestation décousue, mais dans le bon sens du terme: seul sur scène avec sa guitare, son piano et deux micros (l'un branché dans des effets d'écho), il enfilait spontanément des pièces de ses différents projets, improvisant clairement autant son choix de pièces que leurs arrangements. Un très bon moment de folk ténébreux.

Au Petit Théâtre, les choses allaient bon train pour les Peelies, Jesuslesfilles et We are Wolves. L'endroit était plein à craquer, l'humeur était à la danse et à la fête (surtout durant We are Wolves) et chacun s'est montré égal à lui-même.

À minuit, au Cabaret de la dernière chance (plein lui aussi), Fred Fortin a surpris avec une prestation très old school, punchée et trash à souhait du genre de celles qu'il donnait il y a une dizaine d'années. En trio avec Olivier Langevin et Justin Allard, il a inclus deux morceaux de Gros Méné au menu (dont une excellente version bluesée de Skidoo) et a servi de nombreuses versions allongées, jammées, augmentées de solos. C'est avec ce genre de moment festif que Fortin, qui était de la programmation du premier FME, il y a huit ans, a donné le ton au festival. Souvenirs, souvenirs…

La soirée s'est terminée sur des airs de nouvelle tradition du FME, avec un concert impromptu des Frères Rivaux (projet conjoint de Sunny Duval et de Damien Robitaille, au sein duquel ils livrent des pièces country acoustiques à saveur humoristique) au bar des Chums. Ces dernières années, après les concerts, les festivaliers ont pris l'habitude d'investir ce tripot savoureusement ringard et régional, où se produit d'ordinaire un duo de reprises karaoke… Ce n'était qu'une question de temps avant que des musiciens du festival s'emparent de la scène, comme Random Recipe l'avaient fait l'an dernier au restaurant Chez Morasse. La rumeur s'étant propagée, l'endroit était complètement plein à deux heures. De toute évidence, les tenanciers un peu confus n'avaient pas vu autant de monde dans leurs murs depuis longtemps. Quelque chose me dit qu'on remettra ça ce soir avec les vedettes habituelles du bar: le duo l'Éclipse! À suivre…