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FME 2010 – jour 3: bourdonnements

Trung Hoa @ FME 2010

Bernard Adamus, la Patère rose, Damien Robitaille… Comme programme de 5 à 7, on a déjà vu plus obscur. Résultat: pas moyen d'entrer nulle part à moins d'être arrivé une heure à l'avance. Je passe quand même un moment devant le Groove et sa verrière ouverte, d'où on peut voir et entendre la Patère faire lever la place avec ses tubes électro-chansonniers, assortis de quelques reprises (Psycho Killer des Talking Heads, une pièce de Little Joy…) et de quelques petites mises en scène que la foule (qui déborde jusqu'au trottoir) semble apprécier. Fanny Bloom réussit notamment à la faire hurler comme des indiens pour les besoins d'un morceau. Vivant.

Je me rabat sur le trio Le Carabine, qui joue au Trèfle noir, un peu plus bas. Ce qui n'est pas plus mal: c'est un groupe du coin, plutôt agile dans le genre post-rock instrumental à la Explosions in the Sky, Mogwai, etc. Deux guitares, une batterie, pas de basse, quelques effets sonores, un rétroprojecteur projetant des photos antiques, un bon sens de l'humour et une bonne interaction avec le public. Il faut dire que tout le monde semble se connaître dans la place.

Début de soirée tout en lourdeur avec les Melvins au Petit théâtre. Dieu merci, les parrains du grunge jouent moins fort que la dernière fois que je les ai vus, quoiqu'ils ne donnent toujours pas dans la dentelle, loin de là. Maintenant accompagné d'un deuxième batteur, le groupe débute avec un espèce de chant d'armée rythmé, avant de s'enfoncer dans des brûlots boueux récents et passés. Le son du groupe a gagné en densité au fil des ans… Parfois, on n'est pas loin des structures hypercomplexes à la Mr. Bungle. C'est encore dans les tirades punk qu'il excelle le plus et c'est d'ailleurs dans ces moments que la foule réagit le mieux. Le public est relativement âgé, mais varié: métalleux, curieux, hipsters… La jeune formation montréalaise Trung Hoa, composée des ex-Bionic Paul Julius et Jean Bélanger, est un choix de première partie tout à fait judicieux. Son mélange bien musclé de métal et de punk est très proche de celui des Melvins. Le public a semblé apprécier.

Il a fait bon, par après, retrouver le son confortable, mélodique et atmosphérique des inimitables Sadies, à la Forteresse. Un peu comme Fred Fortin la veille, le quatuor torontois est un de ces groupes qui va comme un gant au FME: un peu roots, un peu psychédélique, un peu festif, mais doté d'une certaine profondeur. Un son éloigné pour une ville éloignée. Le bar était beaucoup trop bondé, mais le décor était sur mesure pour les sonorités de guitares savoureusement vintage du combo, qui a alterné entre les pièces sombres de son plus récent album, Darker Circles, et ses classiques. Dès qu'on croit avoir fait le tour de la question, Travis Good troque sa six-cordes contre un violon le temps de quelques tirades bluegrass. On ne s'en lasse pas, de ce groupe.

Tel que prévu, plusieurs se sont donné rendez-vous par après aux Chums, où le kitchissime duo L'Éclipse entonnait des succès du top-40 des décennies passées, d'Offenbach à Marjo en passant par La Bamba. Comme l'an dernier, on a chanté en chœur avec eux et dansé gracieusement, sous l'œil intrigué des habitués de l'endroit, qui se comptent d'ordinaire sur les doigts d'une seule main et ne comptent que peu de moins de quarante ans. Quel party!

Mais bon, il fallait retourner aux choses «sérieuses»: la nuit électronique battait déjà son plein à l'Agora des arts. Comme on pouvait s'y attendre, Misteur Valaire n'a eu aucun problème à mettre les hanches en action. Voilà un groupe qui dépend beaucoup de son public: autant ses penchants jazzy peuvent devenir frisquets dans des grandes salles et∕ou devant des auditoires sages (comme lors de la nuit électronique au Métropolis, durant le festival Montréal en lumière), autant ils deviennent légers, voire incandescents, dans des contextes plus intimes et festifs, comme au FME. Étrange, quand même, que Gigi French et Fanny Bloom aient été sur place mais que le groupe ne les ait pas invité pour chanter leurs pièces respectives sur l'album Golden Bombay. Le duo de DJ Pompes tes pipes ont maintenu le mouvement par après avec un assortiment éclaté d'électro et de house, tandis qu'Oxia a clôturé la nuit avec un set de techno bien massif, quoique quelconque. Une édition réussie de l'événement, comparé à certaines des années passées, mais il y a encore place à l'amélioration. On aurait bien aimé trouver quelque chose de moins banal qu'Oxia, en fin de course. Pourquoi pas des talents montréalais, comme Lunice (qui était du Piknic électronik, la veille) ou Hovatron, ou encore un bidouilleur de la scène californienne, si bouillonnante en ce moment? Tous des noms qui doivent être moins compliqués à faire venir et qui offrent une musique plus intéressante, en phase avec la personnalité du FME.

En route pour la dernière soirée du festival: encore un vaste choix de 5 à 7, Pierre Lapointe, la soirée hip-hop avec la bande de 7e Ciel, la soirée métal avec Neuraxis et Beneath the Massacre ainsi que les Broken Toys.