Raymond Cloutier : Le Beau Milieu
Scène

Raymond Cloutier : Le Beau Milieu

Il faut croire que les controverses sont si rares dans le milieu théâtral que, aussitôt qu’une polémique se pointe le bout du nez, il vaille la peine d’en faire un livre. Dans Le Beau Milieu, brève «chronique d’une diatribe», préfacée par Lise Bissonnette, Raymond Cloutier raconte la petite histoire de sa lettre-polémique publiée dans Le Devoir, en mars 1998. Une contestation du système de «surproduction» théâtral qui avait suscité beaucoup de critiques virulentes et, selon le comédien, d’accolades en privé, mais de débat public, point. Sur un ton fort dramatique, Cloutier nous fait partager ses états d’âme, étape par étape; collige ses propres textes (dont deux lettres personnelles et inédites) et ceux des autres; répond aux journalistes et aux (rares) artistes qui ont fait écho à ses propos. Ce faisant, il personnalise lui-même un peu le débat, ce qu’il reprochait à ses détracteurs…

Pour ceux qui n’ont pas suivi la polémique, le livre a l’avantage de synthétiser la controverse. Mais ceux-là sont-ils intéressés par la question? Quant aux initiés, le pamphlet leur semblera plutôt répétitif et assez mince, Cloutier n’étoffant pas énormément son argumentation, qui tombe dans la redite. Cela dit, entre les excès et les arguments contestables de l’un et le silence des autres, le «Don Quichotte» du théâtre soulève des questions pertinentes (sur les conditions de travail des comédiens, notamment, et leur perfectionnement dans un système épuisant) qu’il faudra bien aborder un jour. Le vrai débat, lui, reste toujours à faire… Le livre aura-t-il plus de répercussions concrètes que la lettre qui a mis le feu aux poudres? Lanctôt Éd., 1999, 142 p.