Les girls
Scène

Les girls

Adieu FTA et bonjour comédies légères: pas de doute, l’été est à nos portes. Les amateurs de théâtre montréalais criant famine peuvent toujours aller se rafraîchir les idées devant Shower!, une petite production sans prétention présentée au Gesù par le nouveau théâtre de la Basse-cour.

Une compagnie née «du désir de travailler entre femmes», pour contrer la pénurie de rôles féminins. Shower! s’affiche d’emblée comme «un show de filles», une sorte de contrepartie à ces mondes masculins qui triomphent ici: un univers exclusif peuplé lui aussi d’archétypes, où l’on fait une sorte de revue schématique des poncifs de la féminité.

La comédie de Christine Foley réunit, à l’occasion d’un shower pour une future épouse, quatre filles fort différentes, des types bien carrés: une romantique sainte-nitouche anorexique (Évelyne de la Chenelière, assez juste); une comédienne qui collectionne les amants (Foley); une mère monoparentale rigolote (Chantal Dumoulin); une lesbienne militante et masculine (Nathalie Costa), qui porte de grosses bottes et rêve d’aller «péter les pneus de Gilbert Crouzon»…

À la faveur de l’alcool, du pot et des confidences, la frontière (il y a celles qui aiment les hommes et celles qui s’en méfient) s’estompe, et la solidarité féminine émerge. Bien sûr, on jasera mâles et, un peu, sexe (la grivoiserie, on le sait, n’est pas l’apanage des gars), barbie et image corporelle et chacune ira de son histoire de viol ou de violence. Quelque chose comme un petit manuel de féminisme 101 à la sauce humoristique. Certes, la pièce contient son lot de reparties bien envoyées, et comporte quelques clins d’oil aux contradictions féminines; mais, dans l’ensemble, elle ne surprend guère, alignant les stéréotypes d’usage.
Le portrait est plus intéressant, plus satirique, en seconde partie, alors que, six ans plus tard, tout ce beau monde s’étant enrichi et «yuppisé», la complicité d’hier a fait place à la raideur et au quant-à-soi… Les costumes témoignent assez justement de leur transformation, ainsi que des fortes différences entres les personnages (la chaussure définit la femme…). Mais, sauf pour quelques courtes scènes muettes, la «mise en scène» demeure sommaire, le spectacle étant plus ou moins monté comme une sitcom, avec punch à la fin des scènes.

Certaines reconnaîtront dans Shower! un air familier, un miroir caricatural des partys de filles, où l’on aborde aussi bien le point G que l’accouchement (une scène amusante). Le divertissement est sympathique, mais sans imagination, et aurait supporté un peu plus de subtilité. Saluons tout de même la bonne volonté des comédiennes qui, le soir où Voir a assisté au spectacle, se produisaient avec beaucoup d’enthousiasme devant cinq spectateurs…

Jusqu’au 19 juin
À la petite salle du Gesù
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