Scène

Monsieur de Pourceaugnac : Farce et attrapes

Farce assez peu connue de Molière, Monsieur de Pourceaugnac fait l’objet d’une petite production au Centre Calixa-Lavallée, en plein Parc La Fontaine. Ce projet, c’est avant tout le «rêve» d’un homme, François-Xavier Gomel, qui a produit la pièce, en plus d’en signer la mise en scène et de s’attribuer le rôle-titre. C’est le second spectacle de Production F.X.G., un an après L’Homme qui n’avait plus d’amis.

À l’origine une comédie-ballet, la pièce est ici dépouillée en grande partie de son emballage musical et dansé, réduite à son intrigue, simple et typée, mais assez amusante pour qui goûte ce genre, jouant sur des déguisements, des tours, des méprises. Le dindon de la farce, c’est Monsieur de Pourceaugnac, un Limousin débarqué à Paris avec l’intention d’épouser une jeune femme qui ne veut pas de lui, son cour étant déjà pris. Les deux tourtereaux et leurs complices s’affairent donc à embobiner le pauvre homme et à tout faire pour le renvoyer illico dans ses terres. Le voilà donc harcelé par des docteurs fanatiques (Molière y lance ses habituelles piques contre la médecine), qui le croient paranoïaque; calomnié auprès du père de sa promise; pris d’assaut par deux femmes qui se prétendent ses légitimes abandonnées…

Montée avec les moyens du bord en ce qui concerne le décor (une toile en trompe-l’oil, plus un jeu de rideaux) et, surtout, les éclairages, cette production appliquée manque de rythme. Ainsi, les transitions entre les scènes traînent un peu en longueur. La mise en scène – Marie Danielle Boucher a agi à titre de conseillère, en plus de diriger les comédiens – a privilégié la caricature (voir les compositions de médecins) sur la précision, sans toutefois aller tout à fait au bout de cette folie. Il manque quelque chose pour emporter vraiment le rire.

Le jeu, inégal et en déficit de raffinement, comporte par ailleurs de bons moments. L’utilisation de masques par les personnages secondaires ajoute une touche de commedia dell’arte à la farce. Et la bonne volonté ne fait pas défaut aux comédiens, qui contribuent au spectacle de leurs propres deniers. Si ses accents sont parfois étranges, Marc-Antoine Richer se révèle assez vif, en pseudo-Scapin. Christian Lefebvre est meilleur quand il joue la comédie qu’en jeune premier. Notons aussi les compositions de Chantal Bouchard et de Nathalie Sylvain, qui campent plusieurs rôles cocasses.

Malheureusement, le Pourceaugnac colérique, affligé d’un tic buccal, de François-Xavier Gomel pourrait afficher plus de couleur. Trop neutre et passif, la voix un peu empâtée, il ne devient vraiment savoureux qu’une fois déguisé en femme…

Jusqu’au 27 juin et du 2 au 4 juillet
Au Théâtre de l’Art Neuf du Centre Calixa-Lavallée
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