Scène

Nos choix

Autodafé

D’Olivier Choinière
Mise en scène par André Brassard

La (deuxième) rencontre entre un jeune auteur prometteur et un vieux (mais jeune de cour) routier de la mise en scène. Transgénérationnel.

Pour sa première production, le Théâtre du Grand Jour, une nouvelle compagnie qui veut encourager les auteurs de 18 à 35 ans, a choisi de produire Autodafé, une pièce d’Olivier Choinière (Le Bain des raines) sur les tentatives de révolte. Autodafé a déjà fait l’objet d’un spectacle par les finissants de l’École nationale de théâtre, en 1997, sous la direction d’André Brassard. Le metteur en scène reprend la pièce sur les planches professionnelles avec la même équipe de comédiens: Sylvain Bélanger, Céline Brassard, Christian Brisson-Dargis, Olivier Ducas, Kathleen Fortin, Noémie Godin-Vigneault, Geneviève Graton et Diégo Thorton. Au Théâtre La Chapelle. Du 14 septembre au 16 octobre.

King
De Michel Vinaver
Mise en scène par Alice Ronfard

La découverte d’un étonnant dramaturge français, qui a la singularité d’être, également président de compagnie chez Gillette-France, entre autres… Théâtre sociopolitique tranchant?

Peut-on être à la fois auteur de théâtre, cet art artisanal, et P.D.G. de multinationales? Dramaturge reconnu, Michel Vinaver semble prouver que oui depuis 1955 – c’est ça, l’exception française… Créée le printemps dernier au Théâtre de la Colline, à Paris, sa pièce King est tout à fait dans ses cordes, puisqu’elle nous introduit dans le monde de l’inventeur du rasoir à lames jetables, King C. Gillette. Monologue à trois voix, le texte s’intéresse surtout aux contradictions d’un créateur devenu malgré lui un symbole de la société de consommation, alors même qu’il était animé par l’idéal communiste d’une société égalitaire… Alice Ronfard y dirigera un trio tout masculin: Pierre Lebeau, Normand Helms et Pierre Chagnon. À l’Espace Go, du 21 septembre au 23 octobre.

Crime contre l’humanité
De Geneviève Billette
Mise en scène par Claude Poissant

Première production professionnelle (par le PàP) pour une jeune auteure dont on dit beaucoup de bien. Baptême théâtral.

Sous la houlette de Claude Poissant, le PàP (ancien Petit à Petit) a choisi la voie de la création originale, avec un texte de Geneviève Billette qui sera publié chez Leméac en septembre. Une pièce qui décortique avec sarcasme la notion de pouvoir. Avec cette ouvre qualifiée de «singulière et surprenante, drôle et vindicative», l’auteure, diplômée de l’École nationale de théâtre, traite avec humour d’un sujet grave et révoltant. Poissant s’occupe lui-même de l’accouchement scénique avec le soutien d’une fougueuse distribution composée de Chantal Baril, Patrice Coquereau, Normand D’Amour, Julie Perreault et Michel Perron. À l’Espace Go. Du 5 octobre au 6 novembre.

Stabat Mater II
De Normand Chaurette
Mise en scène par Lorraine Pintal

Une partition pour 15 comédiennes signée par l’un de nos grands auteurs. Femmes de chour.

Pour Normand Chaurette, il s’agit d’une seconde création au TNM, après Le Passage de l’Indiana. Un oratorio qu’on dit chargé de douleur et d’absurde, tout en retenue émotive, qui met l’être humain face à la mort. Dans la morgue d’une ville inventée, vingt mères viennent à tour de rôle identifier le corps de leur fille qui s’est noyée. L’auteur des Reines donne la chance à quinze comédiennes – généralement moins choyées que leurs collègues masculins quant au nombre de rôles – d’occuper toute la scène. Des interprètes de toutes les générations, de tous les styles, de Maude Guérin à Huguette Oligny, de Suzanne Champagne à Marthe Turgeon. Du 19 octobre au 14 novembre, au TNM.

Un mari idéal
D’Oscar Wilde
Mise en scène par Françoise Faucher

Une pièce brillante écrite par l’un des plus brillants auteurs du 19e siècle, et défendue par un de nos plus brillants comédiens!

Après sept ans d’absence, le retour très attendu au théâtre d’Yves Jacques se fera chez Duceppe en octobre. Le comédien interprétera le rôle de Sir Robert Chiltern, politicien britannique de l’époque victorienne qui doit choisir entre la morale ou le pouvoir, l’amour ou l’ambition, la vérité ou le mensonge. Créée en janvier 1895 (juste avant le procès et la condamnation du dramaturge, pour son homosexualité) au Haymarket Theatre, à Londres, Un mari idéal est une ouvre qui dépeint avec génie l’hypocrisie d’une élite au sommet de sa gloire. Françoise Faucher (fort occupée avec le répertoire anglais puisqu’elle signe aussi, en septembre au Rideau Vert, la mise en scène de Pygmalion de George Bernard Shaw) dirigera Yves Jacques et une dizaine de comédiens dont Gérard Poirier et Marie-France Lambert. Du 27 octobre au 4 décembre. Au Théâtre Jean-Duceppe.

Hamlet
De Shakespeare
Mise en scène par Alexandre Marine

Un joyau du répertoire éclairé par les lumières d’un créateur innovateur et audacieux.

Créée en catimini l’hiver dernier à l’Espace Georgie, cette relecture résolument contemporaine d’Hamlet, par Alexandre Marine, est un des spectacles les plus attendus de la rentrée. Le metteur en scène a retenu seulement sept des nombreux personnages du chef-d’ouvre de Shakespeare. Le prince du Danemark est incarné par Vitali Makarov, un acteur russe peu connu du public. Mais tous ceux qui l’ont vu jouer (dont les auteurs de cet article) s’entendent pour dire que c’est un excellent comédien doté d’un charisme fou. Hamlet est coproduit par le Théâtre Deuxième Réalité (dirigé par Marine), et le Théâtre de la Manufacture qui, par ailleurs, propose en 1999-2000 sa meilleure saison, de mémoire de critique. Du 3 au 27 novembre. À La Licorne.

24 poses (portraits)
De Serge Boucher
Mise en scène par René Richard Cyr

Deux ans après le poignant Motel Hélène, une seconde collaboration entre l’auteur Serge Boucher et le metteur en scène René Richard Cyr. Duo d’émotions.

En seulement deux pièces (Natures mortes, 1993, et Motel Hélène), Serge Boucher s’est révélé un auteur d’une grande sensibilité, capable d’écrire entre les mots, avec les silences, de croquer la détresse des êtres à coups d’instantanés hyperréalistes, sur un mode quasi cinématographique. Avec Cyr, il partage la capacité de dévoiler l’humanité de personnages démunis, d’entrer au cour de leur p’tite vie. Sa nouvelle création, 24 poses (portraits), nous fait pénétrer, à l’occasion d’une fête, dans les malentendus et les non-dits d’une famille comme les autres. Guylaine Tremblay, Michel Forget, Marc Legault, Roger Léger et Adèle Reinhardt incarneront quelques’uns des membres de ce clan déchiré par les rivalités et les secrets. Du 3 au 27 novembre, au Théâtre d’Aujourd’hui.

W.-C.
Conçue et mise en scène par Marie Michaud et Brigitte Poupart

Une création signée par deux comédiennes et portée par une belle distribution, autour d’un thème pour le moins original. Intrigant.

Il y a eu Shower, Bain public… Pourquoi pas W.-C.? La pièce de Marie Michaud et Brigitte Poupart est sise carrément dans des toilettes publiques pour femmes, explorant les «contradictions inhérentes à ce lieu, découvrant le caché et le visible, le privé et le public»… Séquence de tableaux partagés entre l’onirisme et le réalisme, mariant théâtre, danse et musique, W.-C. transforme bien sûr le spectateur en voyeur. Au programme de ce spectacle qu’on promet «décapant»: humour, drames, quiproquos et une bonne dose de fantasmes! La production de Trans-Théâtre réunit Sylvie Drapeau, Julie McClemens, Lorraine Côté, Jean Turcotte, Michel Monty, Lyne Nault et Poupart elle-même. À l’Espace Go, du 18 novembre au 11 décembre.

Marie Stuart
De Dacia Maraini
Mise en scène par Brigitte Haentjens

Deux actrices qui font partie du Top 10 des meilleures comédiennes québécoises s’affrontent dans la peau de reines légendaires. Qui oserait manquer ça?

«Pendant 19 ans, Élisabeth 1re a gardé Marie Stuart, reine d’Écosse, prisonnière au château de Fotherighay. Obsédées l’une par l’autre jusqu’à devenir le miroir l’une de l’autre, les deux souveraines dessinent toutes les figures du pouvoir et de la séduction.?» L’auteure italienne Dacia Maraini a fait, dit-on, une réécriture \«radicale et moderne?» du Marie Stuart de Schiller. Après Koltès, Brigitte Haentjens s’attaque donc à une autre dramaturgie contemporaine et subversive. Elle sera secondée par Anne-Marie Cadieux (Élisabeth 1re) et Pascale Montpetit (Marie Stuart). C’est assurément le plus foudroyant duo d’actrices de l’automne. Du 30 novembre au 18 décembre 1999, et du 4 au 9 janvier 2000. Au TNM.

Monster
De Daniel Brooks et Daniel MacIvor

De la (trop) rare visite, le duo choc du théâtre d’avant-garde torontois, qui nous offre une rareté: du théâtre d’horreur. Bouh!

Éternelle pépinière de bons dramaturges canadiens, le Quat’Sous accueillera en décembre de la bien belle visite: un spectacle de Daniel Brooks (coréateur d’Insomnia, vu lors du dernier Festival de théâtre des Amériques) et Daniel MacIvor, deux des créateurs les plus percutants de la scène torontoise, qui unissent ici leurs talents pour la troisième fois. Présentée en version originale anglaise, Monster est une comédie noire sur le parricide. Dans ce solo produit par Da Da Kamera, qui a tourné sur trois continents, MacIvor incarne sept personnages, masculins ou féminins, tous «plus dérangeants les uns que les autres». Quelle meilleure façon de clore son millénaire théâtral qu’en se contant des peurs? Du 8 au 12 décembre, au Théâtre de Quat’Sous.