Scène

Rentrée Jeune public : Théâtre jeunes publics

Les enfants retrouveront bientôt, quand rougiront les arbres, le rideau de velours rouge. Pour les petits Montréalais, c’est surtout à la Maison Théâtre que ça se passe. Là, le cérémonial théâtral se déroule dans les meilleures conditions qui soient, la noblesse des lieux invitant les enfants à vivre l’expérience artistique tout comme les grands, mais dans un espace à leur échelle. Cette année, les enfants de huit ans y sont choyés: la plupart des productions leur sont destinées, puisqu’ils chevauchent les catégories 4 à 8 et 8 à 12 ans. Ainsi quittent-ils, sur la pointe des pieds, la petite enfance pour emboîter le pas aux ados.

Du 1er au 24 octobre, Le Jardin de Babel (4 à 9 ans) ouvre la saison rue Ontario. Mis en scène par André Laliberté, écrit et scénographié par Marie-Louise Gay, dont les collaborations précédentes avec le Théâtre de l’Oil ont été fécondes, ce spectacle de marionnettes raconte, en mots et en images, les rencontres étranges d’un petit garçon dans un monde sens dessus dessous, où les lapins poussent comme des carottes…

On ne quitte guère le merveilleux par la suite, avec Jean-Frédéric Messier qui, pour notre grand plaisir, persiste et signe avec le Théâtre des Confettis une seconde création tout en musique pour les 6 à 10 ans, après le succès du kitsch et craquant Éléphant dans le cour. C’est à Philippe Soldevila, créateur dynamique de la relève théâtrale de Québec, qu’a été confiée la mise en scène de cette Partie de quilles chez la Reine de cour, librement inspirée de l’univers de Lewis Carroll.

Du 17 au 28 novembre, le Théâtre Bouches Décousues présente L’Arche de Noémie de Jasmine Dubé, que l’on avait pu entrevoir la saison dernière à Fred-Barry. Livré avec la fougue mêlée de fragilité qui fait le charme de Suzanne Lemoine, ce monologue doux-amer évoque la traversée courageuse d’une fillette qui navigue seule, de l’enfance à l’âge adulte, en combattant ses peurs et sa solitude. Intimiste, exigeant, ce spectacle qui s’adresse aux huit à treize ans plaira peut-être encore davantage aux aînés.

Mais les petits ne sont pas laissés pour compte, puisque la production qu’on réserve aux 4 à 9 ans en décembre, Le Violoniste, porte le sceau de qualité du Théâtre de Sable. Le tandem Gérard Bibeau-Josée Campanale entraîne ici les marionnettes dans un périple au gré de la fantaisie d’un conteur qui manie l’archet et le verbe, et raconte Icare aux enfants. Décidément, cette première moitié de saison à la Maison Théâtre est placée sous le signe du voyage imaginaire.
Avec la pétillante Louisette Dussault comme porte-parole, l’Aventure T continue sa précieuse mission: faire circuler en banlieue de Montréal et à travers le Québec les meilleures productions jeunes publics. Entre autres, au Théâtre de la Ville, à Longueuil, deux excellents spectacles de marionnettes (omniprésentes sur la scène enfantine cet automne) seront ainsi donnés un dimanche seulement: Le Petit Bon à rien de Joël da Silva (Théâtre de l’Avant-Pays) et le Porteur du Théâtre de l’Oil. Ce dernier fait par ailleurs l’objet de la tournée «Jouer dans l’île» et sera donc dans les maisons de la culture tout au long de la saison.

En décembre, outre les spectacles traditionnels des Fêtes, l’Usine C ouvrira ses portes au public familial. Carbone 14 et le Théâtre en l’Air présenteront Tsuru (grue de papier et samouraï de paille). Écrite et mise en scène par Anne-Marie Théroux, cette pièce aborde le thème de la mort mais par le biais joyeux des jeux d’enfants. Intégrant la marionnette et l’acrobatie, le spectacle, défendu par des membres de Dynamo et de Carbone 14 , sera, on le devine, loin d’être empoté!

Enfin, une nouvelle création de Raymond Pollender, également en décembre: La Chambre. Plaçant comme toujours l’intérêt scientifique à l’avant-plan, le Théâtre le Petit Chaplin veut cette fois aider le jeune public à comprendre les bases de la médecine moderne, à travers l’histoire d’un enfant malade.