Liza Kovacs en solo : Le beau risque
Scène

Liza Kovacs en solo : Le beau risque

Danse-Cité présente son premier programme de la saison d’hiver, Liza Kovacs en solo. Et, comme à son habitude, ce diffuseur-producteur parraine un projet de qualité, marqué par la finesse et la sensibilité de l’interprète invitée.

Danse-Cité présente son premier programme de la saison d’hiver, Liza Kovacs en solo. Et, comme à son habitude, ce diffuseur-producteur parraine un projet de qualité, marqué par la finesse et la sensibilité de l’interprète invitée. Son directeur artistique Daniel Soulières a proposé à Liza Kovacs de danser des créations solos signées par des chorégraphes de son choix. Cette dernière s’est tournée vers Benoît Lachambre, José Navas, Hélène Blackburn et Dominique Porte. Des créateurs qui ont peu de choses en commun sur le plan artistique, mais qui se révèlent des poids lourds (ou en voie de l’être) chacun dans son domaine propre. La principale force de l’ancienne danseuse de ballet se résume à avoir fait sien un langage chorégraphique situé parfois aux antipodes de son expérience professionnelle.
Il se dégage du spectacle une unité certaine, grâce à l’utilisation de la trame sonore et de la vidéo. Laurent Maslé a composé une musique grave, mélangeant principalement des bruits tirés du quotidien avec des accords de guitare. Le Torontois Mark Adam a monté de courtes séquences cinématographiques qui donnent la parole à la danseuse ou projettent une intéressante chorégraphie aquatique. Ces éléments scénographiques, loin de voler la vedette, comme c’est souvent le cas, viennent enrichir les courts solos.
Le spectacle débute et se termine par le travail de Benoît Lachambre. Recroquevillée, Liza Kovaks se déploie lentement tel un animal naissant. L’interprète parvient à nous émouvoir malgré l’étrangeté des mouvements. Le rythme et l’atmosphère changent radicalement au solo suivant. La gestuelle de José Navas fend l’air de façon vive et précise. On assiste à de la danse pure, dénuée toutefois de sentiment, et dont la structure changera à chaque représentation. La touche d’humanité de ce solo nous provient de la vidéo où l’interprète confie en rigolant danser «pour être pauvre et avoir mal partout».
Vient ensuite le magnifique solo d’Hélène Blackburn. Liza Kovacs y évolue sur un terrain connu et avecun bonheur évident. La chorégraphe, formée elle aussi à l’école de ballet, lui a créé une danse composée de mouvements de jambes gracieux et énergiques, très proches de la pureté de la ligne classique. Finalement, le solo de Dominique Porte se révèle de la même texture que celui de José Navas (pour lequel elle a déjà dansé). Confinée dans un carré de lumière, la danseuse adopte des mouvements et des postures en angle droit qui se cassent soudainement. Contrairement au solo de Navas où l’on devinait sa préoccupation de la maîtrise technique, Liza Kovacs trouve ici un langage et une énergie qui lui conviennent bien.
Voici donc un spectacle touchant qui confirme le talent d’une danseuse trop peu vue à Montréal, et le flair aiguisé de Danse-Cité, qui nous fixe désormais des rendez-vous incontournables.
Jusqu’au 26 février
À l’Agora de la danse
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Drôles d’anges
Les compagnies de danse contemporaine japonaises viennent à Montréal au compte-gouttes; et lorsqu’elles nous visitent, elles font à tout coup l’événement. C’est que ces troupes nous livrent une danse inversement proportionnelle au conservatisme qui règne à l’intérieur de leur pays: c’est à la fois esthétique et éclaté, toujours interprété de façon magistrale, et rarement ennuyante. C’est aussi une danse qui laisse en mémoire des images fortes des jours durant.
La dernière en lice: H Art Chaos. En tournée nord-américaine depuis le début de février, cette troupe composée exclusivement de danseuses se produira, pour trois soirs seulement, au Centre Pierre-Péladeau, dans le cadre de la série Danse-Danse et du Festival Montréal en lumière. Il s’agit de la deuxième visite de H Art Chaos chez nous. Il y a deux ans, la compagnie fondée en 1989 et dirigée par la chorégraphe Sakiko Ohshima nous avait présenté un programme double comprenant une version audacieuse du Sacre du printemps, à l’Agora de la danse.
La danse d’Ohshima s’inspire énormément des techniques classique t acrobatique, et elle utilise des câbles auxquels les danseuses se suspendent. Se défendant de faire de l’art féministe, Sakiko Ohshima s’intéresse à la violence urbaine et aux plaisirs décadents. Le plus récent spectacle de H Art Chaos, Secret Club Floating Angels 2000, se révèle de la même trempe. Il semble y avoir quelque chose de sacré dans ce tourbillon de mouvements spectaculaires et irrévérencieux. La critique du New York Times compare la structure chorégraphique à une cérémonie du thé, et affirme du même souffle qu’elle est superbement défendue par les onze danseuses, dont la cofondatrice de la compagnie, Naoko Shirakawa. À voir.____
Les 2, 3, 4 mars
Au Centre Pierre-Péladeau
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