Nathalie Morin : Culture physique
Scène

Nathalie Morin : Culture physique

Si l’on se fie à l’excellent flair de ce Danse Cité et à la personnalité étonnante de Nathalie Morin, le Projet Morin s’annonce prometteur. Portrait d’une artiste en  mutation.

Ex-danseuse de chez O Vertigo, Nathalie Morin danse encore parfois pour Jean-Pierre Perreault. Mais, ces temps-ci, elle consacre ses énergies à la chorégraphie. La semaine prochaine, elle proposera un nouveau spectacle dans le cadre de la programmation de Danse-Cité. Et si l’on se fie à l’excellent flair de ce producteur-diffuseur et à la personnalité étonnante de l’artiste, le Projet Morin s’annonce prometteur.

Née à Moncton dans une famille où maman et frérot sont peintres, Nathalie Morin s’initie très tôt au ballet puis à la danse contemporaine. À la suggestion de son professeur de danse, elle s’inscrit aux Ateliers de danse moderne de Montréal, un haut lieu de formation en danse contemporaine. «Je ne connaissais rien à la danse québécoise, car les compagnies ne tournaient pas en 1985 dans l’Est du pays», raconte-t-elle dans un français ponctué de Well et de You know.

Au bout d’un an, les cours l’ennuient et elle quitte l’école. O Vertigo l’engage aussitôt. Elle y restera cinq ans. Tout un contrat pour cette amoureuse de liberté. «J’étais pas mal happy juste à l’idée de danser. Quand t’es adolescente, tu souhaites travailler pour une compagnie, vivre à l’hôtel, partir en tournée.» Un spectacle européen de la Belge Anne Teresa De Keersmaeker viendra bousculer ses plans de carrière. «Qu’une telle danse soit signée par une jeune femme me renversait. J’ai ressenti aussitôt le désir de faire la même chose.»

En 1991, elle démissionne d’O Vertigo et plonge dans l’aventure chorégraphique. Elle crée des solos à partir de ses esquisses, dessins et tableaux. Elle aime les arts visuels depuis longtemps mais cette passion ne parvient pas à l’emporter sur la danse. «L’énergie me manque pour monter des toiles en vue d’une exposition. Peut-être un jour…» À défaut d’utiliser son matériel, elle fait appel à l’artiste peintre Yvon Gallant. Dans la communauté culturelle de Moncton, Yvon Gallant est connu comme Barabbas dans la Passion. «C’est un ami de ma mère. Enfant, je me réfugiais des heures durant dans l’atelier qu’il partageait avec d’autres artistes.»

Comme à son habitude, elle lui a donné carte blanche pour la conception de la scénographie. Au printemps dernier, ils ont arpenté ensemble les rues de Paris, rencontré une foule de gens et visité des expositions. À son retour, Nathalie Morin s’est mise à la tâche. «C’est superfacile de travailler avec Yvon. Pourquoi changer?» laisse-t-elle tomber. À la suggestion de ses proches, elle a invité le fondateur de la compagnie de théâtre Momentum , musicien à ses heures, Jean-Frédéric Messier à créer la musique de son spectacle. Ici encore, Nathalie Morin n’impose aucun concept. «C’est un autre Yvon…», dit-elle dans un éclat de rire.

Et, pour la première fois de sa carrière, elle chorégraphie pour plusieurs danseurs dont Lucie Boissinot, Sylvain Poirier, Christine Charles, Mark Shaub et Elinor Fueter. «J’aime leur façon de danser, certains ne dansent pas du tout comme moi. Et je voulais voir comment ils allaient s’approprier mon langage, qui est physique et théâtral. Finalement, c’est moi qui danse comme eux!»
Du 22 mars au 1er avril
À l’Agora de la danse

Les Grands Ballets Canadiens
Les Grands Ballets Canadiens de Montréal (GBCM) vivent une cure de rajeunissement. Sans doute la nomination de Gradimir Pankov à la barre artistique de la compagnie y est-elle pour quelque chose. Originaire de l’ex-Yougoslavie, cet ancien danseur a dirigé des compagnies réputées comme le Netherlands Dans Theater II et, récemment, le Ballet du Grand Théâtre de Genève.

La semaine dernière, la compagnie annonçait sa programmation 2000-2001, qui s’ouvrira en octobre avec Carmen, d’après l’opéra de Georges Bizet, un ballet créé en 1999 par la chorégraphe néerlandaise Didy Veldman. Quelques semaines plus tard, la compagnie new-yorkaise Paul Taylor s’arrêtera à la salle Wilfrid-Pelletier dans le cadre d’une tournée internationale soulignant le soixante-dixième anniversaire du chorégraphe. En février, autre bonne nouvelle: les magnifiques danseurs des Ballets de Monte-Carlo interpréteront Cendrillon, une chorégraphie de Jean-Christophe Maillot. En mars 2001 nous attendra une nouvelle soirée contemporaine. Celle-ci inclura une oeuvre de Nacho Duato (Jardi Tancat), une autre d’Ohad Naharin (le décapant Perpetuum) et une création de Shawn Hounsell, un danseur de la compagnie. En donnant la chance à ce jeune chorégraphe, Gradimir Pankov fait preuve d’une belle ouverture d’esprit.
Côté classique, les GBCM nous réservent un spectacle dansé sur de la musique baroque. Une autre soirée sera consacrée au Lac des cygnes du Ballet National du Canada. Pour info: www.grandsballets.qc.ca ou 849-8681.