16 et (3 fois 7) font 16 j'en ai assez merci : Mémoires d'un jeune homme rangé
Scène

16 et (3 fois 7) font 16 j’en ai assez merci : Mémoires d’un jeune homme rangé

16 et (3 fois 7) font 16 j’en ai assez merci est un objet théâtral qui sort de l’ordinaire. Une pièce ovni, pensée et jouée par un nouveau venu, François-Étienne Paré. Dans ce court solo, l’homme-orchestre se penche sur le spleen et les troubles d’identité que vivent les adolescents.

«J’ai trente-sept ans, mais en fait, j’en ai seize depuis trois fois sept ans.» Issu de la tête du jeune auteur, comédien et metteur en scène François-Étienne Paré, Edgie Brown est, à l’instar de son créateur, un drôle de personnage. Ce verbomoteur angoissé, qui vient de compléter sa collection de pochettes de disques, a décidé de s’offrir une thérapie théâtrale. Le but de son monologue: mettre un terme à ses éternels sweet sixteen en se débarrassant de «l’agneau» qui lui squatte l’intérieur.
16 et (3 fois 7) font 16 j’en ai assez merci est, vous l’aurez deviné, un objet théâtral qui sort de l’ordinaire. Une pièce ovni, pensée et jouée par un nouveau venu, François-Étienne Paré. Dans ce court solo, l’homme-orchestre se penche sur le spleen et les troubles d’identité que vivent les adolescents. Paré a une belle plume et beaucoup d’esprit; sa pièce est à la fois rigolote, impertinente et touchante. Coïncidence amusante: tandis que Jean-Frédéric Messier présentait récemment au jeune public de la Maison Théâtre une création dont le personnage principal avait «un éléphant dans le coeur», Paré nous offre les tourments d’un adolescent attardé, mais attachant, aux prises avec «un agneau dans le coeur»…
Élucubrations d’homme rose, cette histoire de coeur transformé en «repos du gigot»? D’homme brun empêtré dans son enfance, croit plutôt François-Étienne Paré. Pour lui, le brun, c’est le drabe, l’ordinaire, le conformisme, la couleur de l’uniforme porté par les étudiants du collège privé qu’il fréquentait à seize ans. 16 et (3 fois 7) font 16 j’en ai assez merci raconte la triste histoire d’un premier de classe obsédé par la réussite et rongé par de voraces démons intérieurs. Paré a greffé à ce monologue d’inspiration autobiographique quelques hommages à des élèves qui se sont enlevé la vie, comme ça, sans que leur entourage ne comprenne leur désespoir. La mort plane comme un vautour au-dessus de ces «mémoires d’un jeune homme rangé», dans lesquels Paré cite Jean Baudrillard… puis interprèteun succès des Velvet Underground.
Le jeune auteur a opté pour une mise en scène sans surprise ainsi que pour une scénographie dépouillée (habillé comme à la ville, il utilise peu d’accessoires: une pomme, un bouquet de branches mortes, quelques gros cubes noirs). Le tout est baigné d’ambiances musicales conçues en direct par Yann Falquet et Éric Podhorecki. Comédien charismatique bien que visiblement nerveuxle soir de la première, François-Étienne Paré se tire honorablement d’affaire, particulièrement lorsqu’il fait le pitre, comme dans la scène des mérites, où il remporte le prix du «plus grand effort de compréhension en sciences religieuses» que décerne son collège… et tente sans succès de le refuser!
Pièce de théâtre thérapeutique qui navigue entre l’ombre et la lumière, entre le tragique et le comique, 16 et (3 fois 7) font 16 j’en ai assez merci est une oeuvre singulière qui, bien que parfois maladroite, porte à réfléchir. Ce conte plaira à tous les grands enfants (trop) sages qui ont parfois une petite boule d’angoisse laineuse dans le coeur…

Jusqu’au 8 avril
Salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui
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