Bill Coleman et Laurence Lemieux : Haute fidélité
Scène

Bill Coleman et Laurence Lemieux : Haute fidélité

Ce week-end, Bill Coleman et Laurence Lemieux rendre hommage à leur union. Leur spectacle M. Coleman & Mme Lemieux inclut des duos de William Douglas, Tere O’Connor et du couple lui-même.

Par les temps qui courent, les unions font la force en danse. Amis et amoureux créent et dansent ensemble leurs oeuvres. Voilà peu de temps, Louise Bédard et Sylvain Émard unissaient leurs talents au Théâtre La Chapelle. Avant eux, Tangente recevait le trio d’amis Harold Rhéaume, Catherine Tardif et Jacques Moisan. Ce week-end, c’est au tour de Bill Coleman et Laurence Lemieux de rendre hommage à leur union. Leur spectacle M. Coleman & Mme Lemieux inclut des duos de William Douglas, Tere O’Connor et du couple lui-même.
Pour ces chorégraphes-danseurs, le mariage de la vie privée avec la vie professionnelle n’a jamais posé problème. «On adore danser ensemble», dit Laurence Lemieux, jointe au téléphone, la semaine dernière, à Toronto. Le couple était de passage dans cette ville pour y présenter M. Coleman & Mme Lemieux. Toronto, ils connaissent bien. Ils se sont rencontrés à la compagnie Toronto Dance Theater, voilà une douzaine d’années. Bill Coleman a une longue feuille de route. Né en Nouvelle-Écosse, il a étudié, puis a dirigé sa propre compagnie à New York durant les années 80. Son répertoire compte plus d’une cinquantaine de pièces. Sa partenaire a surtout chorégraphié pour les compagnies Dancemakers et Toronto Dance Theater. Après avoir dansé plus de quinze ans à Toronto, les deux artistes avaient l’impression d’avoir fait le tour du jardin. \«On a dressé une liste des chorégraphes pour lesquels on voulait danser. Tous habitaient Montréal, alors on a déménagé dans cette ville», raconte Laurence Lemieux.
Cet automne, on les a vu briller dans L’Exil-L’Oubli de Jean-Pierre Perreault. Déjà au milieu des années 90, ils envisageaient la possibilité de vivre au Québec. À ce moment-là, ils dansaient pour le regretté William Douglas. «On voulait déménagé à Montréal afin de travailler avec lui. À sa mort, en 1996, on a reporté notre projet.»
Si ces deux-là s’aiment, loin d’eux la volonté d’afficher leur amour sur la place publique. En fait, l’idée du spectacle leur trottai dans l’esprit après avoir dansé la dernière pièce de William Douglas dans le cadre de l’événement Dance For Life – l’équivalent torontois de D’amour et de danse, un événement-bénéfice pour la lutte contre le sida. Ravagé par cette maladie, le chorégraphe montréalais avait monté le duo de son lit d’hôpital. «On le savait très malade, mais on croyait qu’il allait s’en sortir comme toujours. Le soir de la première, on a voulu lui téléphoner pour l’informer que tout s’était bien passé. Puis, on s’est dit qu’on allait le réveiller, et que ce serait mieux de le contacter plus tard. Le lendemain, on nous annonçait son décès par téléphone… On reprend ce duo un peu pour lui. Vous savez, c’est la création qui maintenait William en vie.»
Ce duo sans nom reflète la signature du chorégraphe, qui a déjà remporté un Bessie Award. «C’est une danse sans fioritures qui va droit au but.» Le duo de Tere O’Connor est d’une autre texture. New-Yorkais dont la carrière est en pleine ascension (deux Bessie Awards à son palmarès), Tere O’Connor consacre son énergie surtout pour sa compagnie. S’il a accepté de signer un duo pour le couple Coleman-Lemieux, c’est en raison de sa longue amitié avec Bill Coleman. «Sa danse est physique et théâtrale. Elle comprend des passages rapides et précis. En règle générale, le public s’amuse beaucoup, mais il lui arrive de rire jaune», précise Laurence Lemieux.
La création du dernier duo ne fut pas de tout repos. «On n’arrivait pas à définir notre structure, raconte la chorégraphe. On a créé ensemble, puis chacun de son côté.» Au bout d’un an, ils ont réussi à fondre le style inventif de l’un dans le style nostalgique de l’autre. «Bill a souvent des idées de grandeur et sa danse est loufoque, quoique réfléchie. Quant à moi, je peux me satisfaire d’un geste minimal. Ce qui nous aide, c’est qu’on ne se marche pas sur les pieds. On sait respecter les rêves de l’autre.»
Quoi qu’il en soit, la création n’est pas le but ultime de Laurence Lemieux. Entre la chorégraphie et la danse, son coeur pench plutôt d’un côté. «Je suis heureuse et bien dans ma peau seulement quand je danse. J’ai 35 ans, et je compte bien danser encore des années.»

Du 6 au 8 avril
À Tangente

Steptext Dance Company
Collectif dirigé par les chorégraphes Suzanne Link et Urs Dietrich, Steptext Dance Company donne la chance à des chorégraphes allemands, autrichiens et canadiens de créer un spectacle avec des danseurs de différents pays et de le présenter ensuite en Amérique et en Europe. C’est le cas de l’Autrichien Helge Letonja qui vient de signer deux oeuvres avec des Québécois dont Heather Mah et Tony Chong. Le collectif se produira le 6 avril à l’Usine C. Prometteur. On s’informe en composant le 521-4493.

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