Harold Rhéaume : Souvenirs intimes
Scène

Harold Rhéaume : Souvenirs intimes

Après une brillante carrière de chorégraphe et d’interprète depuis le milieu des années 90 à Montréal, Harold Rhéaume emménage cet été à Québec. En attendant, il livre quelques solos autobiographiques à Tangente ce week-end.

Harold Rhéaume

n’en est pas à une contradiction près. Voilà un an, il confiait à un journaliste de Québec son désir de souffler un peu, d’arrêter de prendre les bouchées doubles. Et devinez quoi? Il n’a jamais autant travaillé que ces derniers mois. Ce week-end, il interprétera sur la scène de Tangente une série de courts solos autobiographiques intitulée Écho.
«Je ne me suis jamais autant livré sur scène que cette fois-ci. Dans ce spectacle, il y a un tableau où je pique une colère terrible, ce qui surprendra sans doute les gens qui me connaissent bien. Je réagis ainsi à mon éducation judéo-chrétienne qui valorisait la soumission. Un autre tableau fera sans doute sourire le public. C’est celui où je danse comme Fred Astaire. Je suis une personne qui a beaucoup d’humour. Un collègue m’a déjà fait remarquer que mon humour n’apparaissait pas dans mes pièces. Cette remarque me faisait tiquer. J’avais l’impression de ne pas être entièrement en accord avec ma danse.»
Écho a été créé l’an dernier à la maison de danse La Rotonde, qui a pignon sur rue à Québec. Une ville de prédilection pour Harold Rhéaume puisque c’est là qu’il a exécuté ses premiers pas de danse, vécu son premier coup de foudre pour son art. Ce n’est que plus tard qu’il s’est exilé à Ottawa, au Groupe de la Place Royale; puis à Montréal où il mène une brillante carrière de chorégraphe et d’interprète depuis le milieu des années 90.
Dans le studio de La Rotonde, la chorégraphe s’est construit rapidement un deuxième chez-soi, en plaçant un divan ici, une table surmontée d’une lampe là. «J’ai toujours rêvé de faire comme les artistes européens, de travailler et de vivre sous le même toit.» Il s’y est donc installé exténué, entre deux créations de groupe échevelées, convaincu qu’il n’avait plus grand-chose à dire sur son art. «J’étais dans un magnifique studio, en plein été, à m’interroger sur ma carrière. J’ai demandé à ce qu’on m’installe des projecteurs de lumière et une console de son. Puis, je me suis mis à joue au technicien. Après quelques jours, le premier constat qui s’est imposé à moi, c’était: maudit que j’aime danser!»
Puis, comme dans un film avec Fred Astaire, les numéros se sont enchaînés rapidement. Sa danse évoque tantôt la tendresse, tantôt l’humour. Le décor reste le même que celui des répétitions: un divan, une table, une lampe et une console. Et comme aux répétitions, c’est le chorégraphe-interprète qui règle l’intensité de la lumière et du son.
Touche-à-tout, Harold Rhéaume l’est assurément. C’est que ces jours-ci, il interprète le rôle de Tchaïkovski dans un film du même nom. Au mois d’août, il sera chorégraphe pour une production mise en scène par Claude Poissant. Ah! j’oubliais, entre ces deux projets, le prolifique artiste montera sa première danse pour jeune public.
En juillet, Harold Rhéaume emménagera dans un loft, à proximité du Vieux-Port de Québec. Il réalisera enfin son vieux rêve de vivre de son métier dans sa ville préférée, loin du tumulte montréalais. Nourrit-il toujours l’envie de tout plaquer pour aller cultiver des endives? «Je sais que je vais danser toute ma vie. Idéalement, j’aimerais créer une pièce tous les deux ans et que mes chorégraphies partent en tournée… Tu sais, j’ai longtemps eu l’impression de ne pas être écouté. Et si je me suis mis à créer, c’est pour avoir l’attention des gens sans être interrompu.»

Du 18 au 21 mai
À l’Espace Tangente

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