Marie-toi Maman! : Des pommes et des pépins
Scène

Marie-toi Maman! : Des pommes et des pépins

Pour sa dernière saison à titre de directrice artistique du Théâtre Rougemont, Suzanne Champagne a choisi un texte qui surfe sur la confusion sentimentale de notre époque: la mère et la fille forment les deux pôles d’une éternelle quête de  bonheur…

À l’instar de bien des femmes dans la quarantaine désillusionnées par les hommes, Viviane (Suzanne Champagne) s’est rangée. Cette mère a mis un X sur le sexe, les romances, les rencontres; et les histoires d’amour, qui finissent mal, en général. Elle est heureuse avec sa fille, Fanny (Pascale Desrochers), son travail, ses petites habitudes, et«son Marc Labrèche» qui lui promet tous les soirs la fin du monde.
Or, c’est sans compter sur la (tendre) détermination de Fanny. À 20 ans, on est prêt à tout pour voir sa mère heureuse et amoureuse. Alors commence le drôle de bal des soupirants qui, en trois actes et plusieurs quiproquos, constitue le canevas de Marie-toi Maman! Cette comédie signée par l’auteur américain Stephen Levi, dans une traduction et une adaptation de Josée La Bossière, est présentée tout l’été dans le cadre bucolique du Théâtre Rougemont.
Pour sa dernière saison à titre de directrice artistique du Théâtre Rougemont, Suzanne Champagne a choisi un texte qui surfe sur la confusion sentimentale de notre époque. La mère et la fille forment les deux pôles d’une éternelle quête de bonheur. Fanny le cherche dans l’introspection et la croissance personnelle qui suit les modes du jour; Viviane croit l’avoir trouvé dans le repli sur soi et la vie rangée.
Inutile de pousser plus loin l’analyse critique de cette pièce… Ce serait comme faire une étude sémiologique des blagues des animateurs José Gaudet et Mario Tessier (les Grandes Gueules). Désolé, mais mes cours en Communication à l’UQAM sont déjà loin derrière moi.
Marie-toi Maman! est à la comédie sentimentale ce que Symphorien a représenté pour l’écriture télévisuelle. Plus léger que ça, tu voles au-dessus de la Montérégie. Selon les lois du genre, chaque personnage est un stéréotype socialement identifiable: le beau-frère nerd; le Grec macho et obsédé sexuel; et l’ex-mari repentant qui revient au bercail après que sa jeune maîtresse de 24 ans l’eut plaqué pour un… plus jeune. Le bonasse, la brut et le truand… Et voilà pour la condition masculine.
Certes, une comédie grand public puise, par définition, dans la caricature sociale. Je n’ai rien contre, mais à condition que l’auteur ajoute un point de vue original, ou des nuances à la couleur de ses personnages. On appelle ça, un deuxième degré. Sinon, la pièce demeure dans le constat, le dessin à gros traits, le reportage comico-psycho-pop.
Si le texte est faible, les acteurs, qui se donnent corps et âme, sont très comiques (bien qu’il tombe parfois dans le cabotinage). Suzanne Champagne, qui signe aussi la mise en scène très burlesque, fait penser à madame Juliette Pétrie. Cette comédienne est vraiment une grande comique qui mériterait mieux. Pascale Desrochers a aussi du talent dans le genre, mais elle passe davantage pour la (jeune) soeur de Champagne que pour sa fille! Patrice Coquereau beurre épais dans la composition du Grec, mais je dois saluer l’aplomb de son numéro. Jacques Girard, méconnaissable sans ses cheveux, a su trouver un ton très juste et fort coloré. Malheureusement, ses répliques sont aussi insignifiantes que son personnage! Finalement, Raymond Legault est plus faible dans le rôle de celui qui veut reconquérir sa femme.
Bref, une comédie qui déridera le vancancier pour qui un beau site importe plus qu’un bon texte…

Jusqu’au 2 septembre
Au Théâtre Rougemont
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