Heavyweight Art Installation : De bruit et de fureur
Scène

Heavyweight Art Installation : De bruit et de fureur

Le collectif montréalais Heavyweight Art Installation réactualise la peinture en direct à l’ère du techno et du sampling. Quand l’art investit les temples de la  nuit.

Le concept de peinture «en direct» – celle que réalisent des artistes devant public dans des bars -, n’est pas une idée très nouvelle. Dans les années 80, aux Foufounes Électriques, sous la direction iconoclaste de François Gourd, cette expression picturale avait la cote auprès des peintres et du public. Même si, artistiquement, cela ne donna pas que de bons résultats.

Or, le collectif montréalais Heavyweight Art Installation a su réactualiser le genre. Composé du peintre Gene Starship, du graphiste Tyler Gibney et du graffiteur Dan Buller, ce trio a réalisé en 1999 toute une série de peintures en direct lors d’événements techno, hip-hop et jazz. Ils ont, par exemple, accompagné en tournée nord-américaine les groupes londoniens The Herbaliser et Roots Manuva. Ces types de musiques constituent leur atmosphère créative. Mais, d’une manière plus profonde, ils s’inspirent de leurs techniques, comme celle du sampling développée par le rap. En effet, une série de documents photographiques – telle une banque de données – leur servent souvent dans leurs compositions.

Le résultat? Parfois d’une grande qualité. Branché, certes. Mais pas au prix d’électrocuter ou de court-circuiter leur talent créatif. Et sans que cela ne tombe dans la récupération un peu facile des tags (ces signatures- tableaux que l’on voit si souvent sur les murs de villes) ou de l’univers bande dessinée et manga. Cela a été trop fait et continue d’être exploité souvent sans réelle profondeur.

Toutes les pièces ne sont pas – loin de là – aussi réussies que ce tableau intitulé Joe Clausell, ou encore celui-ci nommé Amon Tobin. Néanmoins, il y a souvent là quelque chose qui accroche le regard.

L’intérêt de la production de ces artistes – qui ne sont pas noirs – vient de l’atmosphère très black et très années 60-70 qui s’en dégage. Et cela d’une manière très sentie. On croirait souvent voir des images créées pour un mouvement révolutionnaire afro-américain. Alors, on ralise par que la présence de Noirs (ou des races non blanches) est une chose rare dans l’histoire de l’art,. Avec Heavyweight Art Installation, c’est le contraire. Et c’est bien ainsi.
Si vous n’avez pas eu l’occasion des le voir en action au début du mois au Club Soda lors de la série DJ du Festival de Jazz de Montréal, rendez-vous à la Galerie Liane et Danny Taran du Centre Saidye Bronfman.

Décidément, Katia Meir et David Liss qui dirigent cet espace savent nous présenter des expos de qualité et toujours intéressantes. Après Entre corps et âme (en 98), Compulsions, Anna Fox et Richard Billingham (l’an dernier), Heavyweight Art Installation poursuit plutôt honorablement cette suite de bonnes expos.

Jusqu’au 20 août
Galerie Liane et Danny Taran du Centre Saidye Bronfman

À l’épreuve du temps
En 1998, l’exposition de ses photos à L’Écomusée du fier monde avait été une révélation. Alan B. Stone (1928-1992) qui était malheureusement mort sans grande reconnaissance venait enfin d’obtenir une certaine notoriété. L’an dernier – au Centre d’histoire de Montréal – nous avions pu poursuivre notre découverte de l’univers de cet artiste qui ne s’est étrangement jamais vraiment pris au sérieux. Et ce, malgré l’évidence de la qualité de son travail.

En collaboration avec les Archives gaies du Québec, c’est encore à l’Écomusée du fier monde qu’est dévoilé le troisième volet de l’exhumation du travail de ce grand photographe. Cela nous permet d’avoir une vision encore un peu plus complète de sa production qui compte 50 000 clichés. En attendant qu’un livre sur son oeuvre paraisse certainement l’an prochain.

Pour l’instant, dans cette expo, vous verrez, bien sûr encore des photos de gars, d’adolescents, de garçons, mais aussi d’hommes, de travailleurs, de cow-boys, de maîtres nageurs… Parmi elles, certaines sont parfois très amusantes. Ainsi, celle montrant un adolescent, le regard malin, qui, par une chude journée, relève son kilt. On peut alors vérifier qu’il respecte strictement les règles de l’étiquette écossaise et qu’il ne porte rien en dessous…

Certes, plusieurs images furent déjà montrées dans les deux précédentes présentations. Mais elles valent la peine d’être revues. À ces images d’hommes furent ajoutés des scènes sociales et des paysages qui n’avaient pas été encore montrés. C’est à voir absolument.
Signalons que dans le cadre de cette expo, David Chapman – historien et auteur d’un livre sur le célèbre body builder Eugene Sandow – viendra donner une conférence sur «Le développement de la photographie de culturistes au 19e siècle jusqu’à sa disparition vers 1960». Cela aura lieu en français, le mercredi 2 août, à 20 heures, à l’Écomusée.

Jusqu’au 4 septembre
L’Écomusée du fier monde

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