Mario Borges : L'âge de raison
Scène

Mario Borges : L’âge de raison

L’affiche conçue pour promouvoir L’Éclat de soie est de celles qu’on remarque: une femme plantureuse vêtue d’un tissu transparent esquisse une moue lascive, les mains posées sur son sexe. Cette photo érotique illustre une création théâtrale écrite et mise en scène par Mario Borges, qui s’est penché sur les mystères du fétichisme.

L’affiche conçue pour promouvoir L’Éclat de soie est de celles qu’on remarque: une femme plantureuse vêtue d’un tissu transparent esquisse une moue lascive, les mains posées sur son sexe. Cette photo érotique illustre une création théâtrale écrite et mise en scène par Mario Borges, qui s’est penché sur les mystères du fétichisme. «L’affiche est très représentative du spectacle, lance d’emblée le directeur du Théâtre Le Boléro, de Saint-Hyacinthe. C’est beau, mais ce n’est pas racoleur. Mon objectif, ce n’est pas d’aguicher!»
Selon Mario Borges, L’Éclat de soie n’est pas qu’un show chargé d’érotisme, c’est aussi, et surtout, un face-à-face philosophique. La rencontre d’un psychiatre homosexuel de Paris et d’une voleuse, qui a une drôle d’habitude: se masturber avec les étoffes qu’elle subtilise. Deux êtres marginalisés par leurs comportements sexuels. «J’ai voulu parler de l’acceptation de soi, précise-t-il. En fait, le spectacle aurait pu s’appeler L’Acceptation de soie!» Pour le personnage du médecin, Mario Borges s’est fortement inspiré de la vie et de l’oeuvre de Gaëtan Gatian de Clérambault. Ce neuropsychiatre français a publié au début du siècle dernier plusieurs études sur l’érotomanie, dont Passion érotique des étoffes chez la femme, une recherche très «étoffée», menée auprès de femmes éprises des tissus. Ces écrits ont inspiré le cinéaste Yvon Marciano, qui en a tiré, en 1996, Le Cri de la soie, un film romantique mettant en vedette Marie Trintignant et Sergio Castellitto.

«La pièce est très différente du film, assure Mario Borges, même si les dialogues sont semblables, parce qu’ils émanent des écrits de Clérambault. J’ai pris des libertés, notamment avec le personnage du médecin. Ce que je mets en scène, ce n’est pas une histoire d’amour, mais une rencontre entre deux êtres qui ne répondent pas à la norme. J’ai aussi opté pour le parti de la lenteur: les comédiens prennent le temps qu’il faut pour dire les choses.» En faisant du docteur un gai qui étouffe dans son placard, Mari Borges voulait donner une autre dimension à l’histoire. «Cette pièce traite du comportement de l’individu face à la société. J’aurai 35 ans dans quelques jours et je peux dire que je me sens bien. Avec l’âge, j’ai appris à accepter mes différences, à accepter de répondre, ou pas, aux modèles. C’est exactement de cela que j’avais envie de parler: l’acceptation de la différence.»

Le casting fut un véritable casse-tête pour Mario Borges, qui a finalement choisi pour Sonia Auger-Guimont (Markita Boies avait d’abord été approchée) et Jean-Guy Viau, deux comédiens qui, selon lui, forment un duo explosif. Le metteur en scène est fier de l’équipe mobilisée pour l’occasion; tous les concepteurs ont droit à des louanges, et il devient particulièrement volubile quand il est question de la musique de Marie Philippe

Espérons que cet enthousiasme sera communicatif, car Le Boléro a une grosse pente à remonter pour regagner la confiance du public (et des investisseurs) après le bide, l’an dernier, de l’ennuyant Féroce, de Christian Fortin. Malgré cette pression, Mario Borges (qui en est à sa 67e mise en scène!) entame la deuxième moitié de la trentaine avec détermination. «Je me sens prêt à prendre la parole, à me livrer à travers ce spectacle. Et je ne parle pas que de la question homosexuelle! Je sais que c’est à la mode de faire son coming out mais moi, ce que je veux, c’est dévoiler qui je suis et quelles sont mes angoisses. C’est, en quelque sorte, une façon de boucler la boucle, pour passer ensuite à autre chose…»

Du 13 septembre au 7 octobre
Au Théâtre Prospero

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