Martin Matte : Conte de la folie
Scène

Martin Matte : Conte de la folie

Martin Matte se lance dans l’arène montréalaise avec un premier one man show, au Théâtre Saint-Denis 2, du 10 au 14  octobre.

Cet automne, les humoristes québécois nous parlent "des vraies affaires". Patrick Huard, Stéphane Rousseau et Martin Matte proposent tous des one man shows très sobres (bye-bye les gadgets et les trips mégalos à la Jean-Marc Parent) dans lesquels ils se dévoilent sans fard. En toute honnêteté. Les deux premiers comiques étant hypermédiatisés, Voir a préféré rencontrer le petit dernier, qui n’est toutefois pas un inconnu.

À 31 ans, Martin Matte a déjà passablement de matériel dans ses bagages et l’Olivier de la découverte de l’année 1999 en poche. Depuis sa sortie de l’École nationale de l’humour, en 1996, on le voit à la télévision (c’est un des membres du Club Labrèche) et on l’entend le matin à la radio. Il a également sillonné les bars et les salles de la province, animant des soirées d’humour, testant ses numéros. Le fruit est maintenant mûr: Martin Matte se lance dans l’arène montréalaise avec un premier one man show, au Théâtre Saint-Denis 2, du 10 au 14 octobre.

Martin Matte est un gars ben ordinaire. La maison à Laval, la blonde steady, les bières avec les chums, les randonnées dans le bois… Le jet-set Juste pour rire et les virées nocturnes au Buono Note, très peu pour lui. Si, à 25 ans, il avait douté de sa nature comique, il serait aujourd’hui vendeur de portes et fenêtres au sein de l’entreprise paternelle… "Alain Dumas est venu voir mon show cet été (j’étais en rodage à la Maison des Arts de Laval). Il a été étonné de constater la similitude entre l’humoriste sur scène et le gars dans la vie. Je suis effectivement pareil dans les deux situations. C’est sûr que pour certains numéros, je me compose un personnage. Mais ça demeure un show proche de moi."

L’humoriste a donc construit son spectacle en se basant sur des faits vécus: ses mésaventures, ses défauts, ses phobies, son désir excessif de performer, sa relation avec son père, celle avec sa blonde… Et aussi, l’histoire de son frère aîné qui a subi, à 18 ans, un grave accident de voiture lui laissant des séquelles. Une décennie plus tard, quand il évoque cette tragédie routière, Martin Matte verse quelques larmes, et se demande comment réagira son frère en voyant le show: "J’ai longtemps hésité avant d’écrire ce monologue. C’est hyper-privé. Je ne voulais pas me servir du drame de mon frère sur scène de façon thérapeutique. Or, en voyant les réactions, j’ai réalisé que cette histoire intéressait et touchait beaucoup de gens. L’accident de mon frère a bouleversé ma famille. Mais ce n’est pas exceptionnel. Tout le monde, quelque part dans la vie, doit passer par-dessus un drame quelconque."

C’est ça, l’art de Martin Matte. Sous l’angle comique, il observe la faille en chacun de nous. La vulnérabilité derrière le mur de nos forteresses imaginaires. La moumoune qui sommeille sous la carapace des machos…

Sur scène, la vie des gens ordinaires risque de devenir extraordinaire. Il n’est donc pas étonnant que le modèle de Martin Matte soit le grand Yvon Deschamps. À l’image de ce dernier, Matte est un humoriste qui veut changer des choses. À sa manière, sans tambour ni trompette. "Je pense qu’il n’y a aucun sujet tabou en humour. On peut tout aborder, (l’homosexualité, le racisme…) dans un sketch. Mais l’humoriste doit trouver un angle pertinent. Puis se servir du comique pour abattre les préjugés et aider la cause des plus faibles." Personne ne s’en plaindra.

Finalement, la facture du spectacle s’annonce très théâtrale, avec Christian Bégin à la mise en scène, Mathieu Gourd aux éclairages et Marc Déry à la musique. Martin Matte signe la presque totalité de ses textes. Son show sera donc très personnel et autobiographique. Néanmoins, s’il dévoile des pans de sa vie, Martin Matte présente aussi le monde de son imaginaire. Comme disait la Duchesse dans Des nouvelles d’Édouard de Michel Tremblay: "À quoi ça sert de conter ta vie, si t’en inventes pas des bouts?"

Du 10 au 14 octobre
Au Théâtre Saint-Denis 2
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