Patrick Quintal : Art-thérapie
Scène

Patrick Quintal : Art-thérapie

Patrick Quintal vient présenter aux Montréalais Dragon bleu, Dragon jaune, une production du Théâtre du Double Signe où un peintre met la patience de son empereur à rude épreuve.

L’empereur du pays du Matin calme veut marquer le 20e anniversaire de son règne en ornant la salle du trône d’un paravent d’une beauté encore inégalée. Sur celui-ci devront figurer deux dragons – un bleu et un jaune -, symboles de la royauté. Le peintre Rushtayan, un vieux sage de 192 ans, accepte de créer cette oeuvre, mais à plusieurs conditions, qui en retarderont la livraison. L’histoire de Dragon bleu, Dragon jaune, une réflexion sur les rapports entre l’artiste et le pouvoir, ainsi que sur le geste créateur, son essence et sa pérennité, est tirée d’un conte coréen. Directeur artistique du Théâtre du Double Signe, Patrick Quintal en signe l’adaptation et la mise en scène.

Avec sa plume affûtée, l’homme se plaît à explorer les méandres des personnages et des histoires qu’il découvre. C’est ainsi qu’un conte d’environ 3 pages est devenu une pièce de 70 pages. "Le conte a servi en quelque sorte de synopsis à la pièce. Après, il fallait trouver la manière de raconter cette histoire." Pour ce faire, Quintal est entouré d’une solide équipe, des artisans dont la plupart faisaient partie de l’aventure Baba Yaga, l’un des plus grands succès du Double Signe. "C’est un processus qui me plaît beaucoup, explique le metteur en scène. Il y a une cohérence qui s’installe." Ainsi, tout comme dans Baba Yaga, le théâtre d’ombres de Marcelle Hudon occupe ici une place de choix. "Avec le théâtre d’ombres, explique Quintal, tu crées des mondes fabuleux avec peu de chose. Pour moi, c’est de la vraie magie." D’inspiration orientale, la musique (René Béchard), les décors et les costumes (Louis Hudon) ajoutent aussi à la magie.

Créé en 2006 à Sherbrooke, Dragon bleu, Dragon jaune est défendu par quatre comédiens. Alexis Roy donne vie à Rushtayan et Jean-François Blanchard incarne l’empereur. "Il fait un maudit bel empereur, lance Quintal, admiratif. On cherchait un acteur avec de la maturité. On a passé cinq ou six personnes en audition, mais lui, il nous a impressionnés." Vrai qu’avec sa carrure et son regard perçant, l’homme a de quoi intimider. De leur côté, Vladana Milicevic et Sylvie Marchand, qui jouaient également dans Baba Yaga, tiennent plusieurs rôles. En plus de narrer l’histoire, elles manipulent la tête du conseiller et s’occupent de tous les jeux d’ombres.

Au fil des scènes, les conditions du peintre prennent une tournure de plus en plus farfelue. Il regarde d’abord l’empereur dormir durant 10 nuits. Il exige ensuite que le paravent destiné à accueillir son oeuvre soit confectionné avec une soie noire rarissime et si fragile que même les meilleurs tisserands du royaume n’arrivent pas à la tisser. Des exigences qui nous font remettre en question son honnêteté. "Est-ce que Rushtayan est un véritable artiste ou un charlatan?" lance, énigmatique, le maître d’oeuvre du spectacle. C’est ce que vous saurez en vous rendant à la Salle Fred-Barry.

Du 8 au 26 avril
À la Salle Fred-Barry
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