La Vieille est morte! : Conventions théâtrales
Scène

La Vieille est morte! : Conventions théâtrales

À l’aube de la saison automnale, la compagnie Nuits d’encre offre, au coeur du parc La Fontaine, un vrai plaisir d’été, un vaudeville délicieusement décalé qui s’intitule La Vieille est morte!

Près de 90 ans après sa mort, le dramaturge français Georges Feydeau, grand maître du vaudeville, n’a certainement pas cessé d’exercer son influence sur les gens de théâtre. Si certains raillent ses pièces, les parodient ou même les ridiculisent, d’autres ne peuvent visiblement pas s’empêcher de les revisiter avec estime, voire avec admiration. Pensons à Brigitte Haentjens, avec Farces conjugales, ou encore au Groupe Party de cuisine, dont L’Air et la chanson interrogeait le vaudeville avec originalité, c’est-à-dire en le déboulonnant tout autant qu’en faisant usage, pour notre plus grand plaisir, de ses implacables ressorts.

C’est précisément dans cet esprit que l’auteur, metteur en scène et comédien Dominic Quarré, de la compagnie Nuits d’encre, a conçu La Vieille est morte! La soirée se présente comme un hommage à quelqu’un qu’on aime assez pour lui dire ses quatre vérités, pour en reconnaître les forces aussi bien que les faiblesses. Au final, la pièce de Quarré est un Feydeau revu et corrigé, un vaudeville avec une valeur ajoutée. Et puis la matière – une foison de quiproquos, de travestissements et d’imbroglios conjugaux – est un terreau si fertile pour les acteurs! Dans ce cas-ci, ils sont huit à s’en donner à coeur joie. Tous fort doués, ils ne perdent jamais, sauf peut-être, brièvement, vers la fin de la seconde partie, le rythme que la mécanique impose.

Peinture d’un milieu bourgeois au quotidien farfelu – d’autant que le spectacle est truffé d’adresses au public qui remettent en cause, avec beaucoup d’humour, les conventions inhérentes au genre, et au théâtre en général -, la représentation tourne autour de la mort suspecte d’une vieille dame fortunée. Dans les costumes hauts en couleur signés Daniel Paquette, la galerie de personnages, des individus délicieusement malhonnêtes, fait plaisir à voir. Il y a la fille de la défunte, Mauricette Potiron (Marie-Hèlene Brousseau), son mari, Maurice (Quarré), leurs domestiques, Andive (Annie Charland) et Hector (Luc Boucher), les Mortadelle, Francine (Mélanie Roy) et Giovanni (Marc-Antoine Larche), sans oublier les croquemorts Courbier, Georgette (Chantal Dumoulin) et Georges (Daniel Desparois). Toute la distribution enchante, mais Quarré, Charland, Boucher et Desparois sont particulièrement irrésistibles.

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Silence en coulisses!, de Michael Frayn; Appelez-moi Stéphane, de Claude Meunier et Louis Saia