Le Palier : En terrain neutre
Scène

Le Palier : En terrain neutre

Avec Le Palier, le Théâtre du Tandem nous entraîne dans un territoire connu, mais toujours agréable à fréquenter.

La vie. L’amour. La mort. Voilà les sujets qui sont au coeur du Palier, une pièce de Jean-Guy Côté et Réal Beauchamp créée en avril 2006, à Rouyn-Noranda, par le Théâtre du Tandem. Mise en scène par Frédéric Dubois, l’oeuvre aux accents mélodramatiques est de passage ces jours-ci à La Licorne avant de se rendre à Québec, au Périscope, en avril prochain.

Nicolas a 20 ans. Julie en a 57. Ils vivent l’un en face de l’autre dans un modeste immeuble à appartements. Bien entendu, ils en sont à deux étapes bien différentes de la vie. Pourtant, ils ont beaucoup en commun. Le premier, à toutes fins pratiques orphelin, fréquente le cégep sans trop savoir pourquoi, caresse le rêve de faire de la musique. La seconde, en froid avec son fils et séparée de sa fille par un océan, est en procédure de divorce.

Au fil des jours, en se croisant sur le palier, en terrain neutre, le jeune homme et la femme d’âge mur vont se révéler, tisser une puissante amitié, recréer ce rapport mère-fils qu’ils n’ont jamais connu. C’est ce qu’on appelle une dernière chance, une occasion inespérée qu’ils vont tous les deux saisir en prenant une place de plus en plus grande dans la vie de l’autre, en pansant ses blessures. Quand Julie apprend que le cancer est en train de la dévorer, elle demande à Nicolas de l’aider, en temps voulu, à abréger ses souffrances.

Vous aurez compris que tout cela est poignant au possible. Là où le bât blesse, c’est que l’intention de nous tirer des larmes est presque constamment perceptible. Est-ce le ton appuyé, les codes employés, la musique populaire, la manière plus ou moins subtile dont la pièce empile les confessions? Quoi qu’il en soit, la représentation rappelle très clairement ces téléséries qui pullulent par les temps qui courent et qui en émeuvent plus d’un. Le théâtre doit-il faire de la télé? Telle est la question.

Heureusement, par moments, malgré l’emballage, les acteurs, dirigés avec retenue par un metteur en scène qui s’aventure ici dans un territoire qui ne lui est pas familier, touchent à la vérité. Avec une matière première souvent verbeuse et parfois outrancièrement dramatique, Lucien Ratio et Marie-Ginette Guay trouvent les nuances qui s’imposent. C’est encore plus vrai dans le cas de la seconde. Voir à l’oeuvre cette talentueuse comédienne de Québec sur une scène montréalaise est un véritable privilège. Un privilège qui vaut à lui seul le détour par La Licorne ces jours-ci.

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