Danielle Proulx et Henri Chassé : Le jeu de la séduction
Scène

Danielle Proulx et Henri Chassé : Le jeu de la séduction

Pour Noël, Duceppe propose Faits pour s’aimer, une comédie romantique portée par Danielle Proulx et Henri Chassé.

Écrite dans les années 70 par Renée Taylor et Joseph Bologna, duo hollywoodien connu pour ses nombreuses comédies autobiographiques sur les relations de couple, Faits pour s’aimer raconte la rencontre de Suzie, comédienne névrosée, et Vito, producteur de messages publicitaires à succès.

C’est la veille de Noël, et la soirée qu’ils passent ensemble dans l’appartement de Suzie se transforme peu à peu en un huis clos désarçonnant pour le pauvre homme, qui n’avait pas prévu que sa nouvelle flamme déciderait de faire de lui l’homme de sa vie. Le jeu de la séduction devient rapidement cauchemar, puis introspection, et se termine en conte de fées. "On vous promet d’ailleurs une finale toute hollywoodienne, dit Danielle Proulx, magique et féerique à l’extrême." Prédiction confirmée d’un hochement de tête légèrement moqueur par le metteur en scène Michel Poirier.

Le texte est léger comme l’air, rempli de références télévisuelles et populaires, mais non dénué de ressorts psychologiques. Proulx, qui a traduit et adapté la pièce (pour une production, en 2006, au Théâtre Beaumont St-Michel), en plus de jouer le rôle principal, se défend bien contre toute accusation de légèreté ou de pauvreté du texte. À ceux qui trouveraient étrange l’idée de jouer du théâtre d’été en plein mois de décembre, elle réplique que "ce n’est pas d’emblée une pièce de théâtre d’été, c’est une comédie romantique, avec un contenu dense. L’idée n’est pas de faire rire à tout prix".

Au fil de la conversation, les deux comédiens parleront entre autres du génie de la construction progressive du huis clos par une suite d’événements impromptus et d’interventions de la nature, de la richesse des personnages, du thème de la rencontre et de la force des dialogues. "Dans la tradition anglo-saxonne comme ici, précise Henri Chassé, on aime les personnages qui parlent raide, les conflits crus. C’est une comédie romantique mais ce n’est pas du tout gentil, c’est un conflit plus grand que nature entre deux êtres qui sont faits pour s’aimer. Leur relation est très complexe, pas du tout unidimensionnelle."

Si la comparaison avec des longs métrages américains comme You’ve Got Mail ou When Harry Met Sally est inévitable, parce qu’ils racontent le même type de relation amour-haine, la démesure du personnage principal est toute théâtrale. "Il existait déjà une traduction de la pièce, mais j’ai senti qu’il fallait en faire une nouvelle pour mettre l’accent sur le rapport avec le public. Suzie rêve d’écrire un one woman show, il était logique que les scènes où elle s’adresse directement au public prennent une grande importance, raconte Proulx. Ça donne de l’étendue au personnage et représente mieux son côté spectaculaire. J’ai aussi insisté sur les ressorts dramatiques de la fable, car en plus d’être psychologiquement intéressants, ils accentuent le côté comique."

Lorsqu’on lui demande de parler du personnage, la comédienne ne manque pas de mots. "C’est un personnage-girouette, qui va dans tous les sens. Mais elle porte aussi une parole qui me touche profondément: elle vit dans l’urgence, elle fonce, elle est forte et ne s’est pas laissé abattre par son passé trouble."

Mais avant tout, la production de cette pièce est une histoire de plaisir partagé. Dans la salle de répétition, quelques jours avant la première, les deux acteurs semblent vraiment heureux de se replonger dans la comédie. L’ambiance est à la franche camaraderie même si, malgré tout, c’est du sérieux, comme le précise Chassé. "C’est passionnant, jouer la comédie. Je ne crois pas les acteurs qui parlent de mécanique comique, réglée au quart de tour, ça ne me touche pas, ce genre de numéros trop calculés, ça ne provoque pas la même qualité de rire que des numéros comiques plus sentis, empreints d’authenticité. Notre défi, il se trouve là."