Emmanuelle Jimenez : Sacrée rencontre
Scène

Emmanuelle Jimenez : Sacrée rencontre

Emmanuelle Jimenez voit sa pièce Rêvez, montagnes! mise en scène par Frédéric Dubois sous la bannière du Nouveau Théâtre Expérimental.

Après Du vent entre les dents, le portrait diablement original d’une famille en crise, un texte mis en scène par Martin Faucher au Théâtre d’Aujourd’hui en janvier 2007, Emmanuelle Jimenez dévoile une nouvelle pièce aux accents multiculturels, un projet en or pour le Nouveau Théâtre Expérimental. Nul autre que Frédéric Dubois est à la mise en scène.

"Ce qui m’a inspiré cette pièce, explique l’auteure, c’est la lecture d’un article consacré à Bollywood dans le National Geographic. Il était notamment question d’un réalisateur indien, un vieil homme qui était né au Pakistan et qui, à cause des tensions entre les deux pays, n’était pas en mesure de tourner un film là où il avait vu le jour." Le plus drôle, c’est que devant cet interdit, certains réalisateurs indiens se rabattent sur les Alpes suisses. Il semble qu’il y ait une nette ressemblance entre les deux paysages. "Ça m’a beaucoup amusée, lance Jimenez. Si bien que j’ai imaginé un réalisateur indien qui trouverait une ressemblance entre les montagnes de son enfance et celles… du Québec."

Alexis Martin incarne donc Ashok Chopra, le vénérable réalisateur indien qui aurait bien voulu tourner son dernier film sur la montagne sacrée de son enfance, une merveille géologique associée au dieu hindou Shiva. Devant le refus des autorités pakistanaises, l’artiste se rabat sur le Québec, un territoire dont on lui a vanté les beautés et où il est pour ainsi dire convaincu de trouver une montagne équivalente. Dans cette courageuse expédition, le cinéaste entraîne avec lui une superstar du cinéma bollywoodien, le magnifique Sookat Minoonapullaï, un personnage que Carl Poliquin a tout ce qu’il faut pour incarner. Depuis la grouillante Mumbai jusqu’à la nature sauvage de notre belle province, les rebondissements seront nombreux, des aventures qui vont permettre aux deux Indiens de tisser des liens solides avec les quelques Québécois que Kathleen Fortin, Pierre Limoges et Julie McClemens interprètent.

En filigrane de la pièce, qui de l’aveu même de son auteure n’est pas très sérieuse, pour ne pas dire rocambolesque, on trouve tout de même une grande question: quelle est l’origine du sacré? "On investit souvent des lieux ou des objets d’un caractère sacré, lance Jimenez. Je me suis demandé à quoi ça tenait. Est-ce que c’est nous qui projetons cette valeur symbolique sur un lieu, qui l’inventons, ou bien si c’est le lieu qui nous l’inspire, qui la porte?"

La dramaturge révèle que le metteur en scène Frédéric Dubois a franchement opté pour un univers bollywoodien. "C’est une esthétique tellement excessive. Des fois, on se demande sur quelle planète ils vivent, ces gens-là." Avec ses concepteurs, Dubois aurait donc imaginé quelque chose comme un flamboyant théâtre-cinéma, une fête de grands espaces, avec des montagnes, des arbres, des animaux et des êtres humains qui ont rendez-vous avec leur destin. Jasmine Catudal signe la scénographie, Linda Brunelle, les costumes, Nicolas Descôteaux, les éclairages, Ludovic Bonnier, la musique, Yves Labelle, la vidéo, et Julie Measroch, les accessoires.