Rêvez, montagnes! : Brouillard dans la montagne
Scène

Rêvez, montagnes! : Brouillard dans la montagne

La nouvelle fantaisie du NTE, Rêvez, montagnes!, nous conduit de Mumbai à New York, et à Parc-Extension, dans un périple à saveur bollywoodienne.

Le Nouveau Théâtre Expérimental nous a habitués à des spectacles sortant de l’ordinaire. Rêvez, montagnes! ne fait pas exception à la règle, nous offrant son lot de trouvailles et de pitreries. Nous voilà dans un théâtre-cinéma où l’on mange du pop-corn, où l’on diffuse "star quiz" et publicités quétaines pour nous faire patienter, où les décors sont projetés sur grand écran et où les codes du cinéma indien sont transportés sur la scène.

Des sentiments surjoués aux cajoleries pleines de pudeur et aux chorégraphies déclenchées par un mouvement d’épaule, le metteur en scène Frédéric Dubois a franchement joué le jeu de Bollywood. Un parti hautement comique dont on aurait toutefois souhaité qu’il soit encore plus débridé, regrettant notamment la fadeur de la musique de Ludovic Bonnier et le manque d’éclat de la scène finale.

Ce qui justifie ce recours à l’esthétique de l’industrie cinématographique indienne, c’est le texte d’Emmanuelle Jimenez qui raconte le voyage de deux de ses représentants au Québec. Ashok (Alexis Martin), réalisateur en fin de carrière, veut tourner un film sur la montagne sacrée de son enfance, située au Cachemire. Malheureusement, les tensions politiques existant dans la région empêchent la concrétisation de son rêve. Il se rabat donc sur le Québec, dont on lui a vanté la beauté et où il est persuadé de trouver une montagne à sa convenance. S’ensuit une série d’aventures rocambolesques impliquant une productrice, une soeur, un ex, une star de Bollywood et un fan club.

Au-delà de la bouffonnerie, Jimenez propose une réflexion sur l’origine du sacré et la valeur symbolique des lieux. Faire se rencontrer les cultures indienne et québécoise aurait pu donner lieu à une réflexion inspirante sur deux visions du monde radicalement différentes; on assiste plutôt à des dialogues tantôt superficiels, tantôt clichés, parfois simplement ennuyeux. En fait, on dirait que la pièce n’a pas su trouver son ton.

Les personnages souffrent de ce flou, la plupart plus caricaturaux que pittoresques, et manquant étrangement de relief. Notons tout de même les prestations savoureuses d’Alexis Martin qui baragouine en "hinglish" sur Shiva et les mystères de la nature, et de Kathleen Fortin qui campe une piquante coiffeuse menacée par la concurrence étrangère.