Benoît McGinnis : Grandeur et décadence
Scène

Benoît McGinnis : Grandeur et décadence

Ces jours-ci, le comédien Benoît McGinnis retrouve le metteur en scène René Richard Cyr pour se glisser dans la peau d’un génie de la musique, Wolfgang Amadeus Mozart.

En 1830, l’auteur russe Alexandre Pouchkine est le premier à aborder dans l’une de ses oeuvres la question de l’assassinat de Mozart, en 1791, par le compositeur italien Antonio Salieri. Encore aujourd’hui, il ne s’agit que d’une rumeur, mais il faut admettre qu’elle est terriblement inspirante.

L’un des plus grands compositeurs que la terre ait porté, empoisonné par un rival et lancé dans la composition d’un Requiem extraordinaire alors qu’il sent la mort venir: comment un auteur pourrait-il résister à cela? En 1979, le Britannique Peter Shaffer donne Amadeus, une pièce où un Salieri vieillissant explique comment il a causé la mort de Mozart en entrant en guerre avec Dieu. L’oeuvre fera le tour du monde. En 1984, Milos Forman en tirera un film hautement célébré.

Pour René Richard Cyr, monter Amadeus était l’occasion d’ajouter un chapitre à son histoire d’amour avec la musique classique – rappelons qu’il a signé la mise en scène de quelques opéras au cours des dernières années, dont le Don Giovanni de Mozart -, de retrouver son acteur fétiche, Benoît McGinnis, mais aussi de provoquer une première rencontre entre ce dernier et le grand Michel Dumont, qui incarne Salieri.

"Quand tu travailles chez Duceppe, explique McGinnis, c’est vraiment comme une famille. Ils te prennent sous leurs ailes. La relève, les jeunes acteurs, découvrir du nouveau monde, c’est important pour eux. Il y a déjà quelques années que Michel Dumont me dit qu’il veut qu’on fasse quelque chose ensemble. Quand René Richard lui a proposé Amadeus, il a trouvé ça parfait!"

S’attaquer à un rôle aussi imposant que celui-là, avec toutes les images que le film de Forman a laissées dans l’esprit des gens, toutes les émotions qu’il a suscitées, les interprétations extraordinaires de Tom Hulce et F. Murray Abraham, ce n’est pas une mince affaire. "Après avoir vu le film, j’ai eu peur, confie le comédien. Quand un film existe, et qu’en plus il a bien fonctionné, ça fait toujours peur. En même temps, je dois avouer que je suis un peu naïf pour ces affaires-là. J’y pense, mais je n’en fais pas une maladie. Le rôle m’allumait tellement que je me suis dit qu’il fallait que j’essaye."

En lisant, quelques semaines plus tard, la traduction-adaptation de Cyr, le comédien était convaincu d’avoir fait le bon choix. "C’est vraiment réussi, lance McGinnis. René Richard a fait un montage très serré. On passe d’un lieu à un autre en deux secondes. Il y a moins de personnages. Ça "goale". On n’a pas le temps de niaiser." À en croire le comédien, la descente aux enfers de Mozart n’en serait que plus inexorable.

"Quand le spectacle commence, il a 26 ans, et il meurt à 36 ans. Pour faire passer ça en deux heures, toutes les étapes, l’exubérance, le débordement de vie, puis la déchéance, la maladie, l’amertume, l’échec… il faut être efficace. C’est un défi que je trouve vraiment stimulant. C’est vraiment autre chose que le film. Ici, c’est avant tout aux acteurs de faire le travail. C’est sur nous que ça repose."

Pour épauler McGinnis et Dumont: Frédéric Paquet, Robert Lalonde, Jean-Pierre Chartrand, Denis Roy, Pascale Montreuil, Guillaume Baillargeon, Marc Beaupré, Geoffrey Gaguère et Étienne Pilon.