Dans les charbons : Morceaux choisis
Scène

Dans les charbons : Morceaux choisis

Dans les charbons, la soirée de "poésie carnivore" orchestrée par Loui Mauffette, est une expérience des plus toniques. Pour baptiser le nouveau Quat’Sous, on ne pouvait imaginer mieux.

Après le succès considérable de Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent – "stonerie poétique" qui sera reprise pour une ixième fois à la Cinquième Salle de la Place des Arts en septembre prochain -, Loui Mauffette a décidé, pour notre plus grand bonheur, de ne pas s’arrêter en si bon chemin. Entre les murs tout neufs du Théâtre de Quat’Sous, il offre – il n’y a pas d’autres mots, c’est une offrande – Dans les charbons, une soirée de "poésie carnivore", une fête de la langue, un déferlement d’images et d’énergies, un ballet de corps investis par les mots, un tourbillon d’âmes livrées aux émotions les plus diverses.

Le spectacle est d’abord un hommage à la poésie, à sa charge érotique, à sa subversion, à son lyrisme, à la manière unique dont elle sait cristalliser la souffrance, l’errance, la révolution, la transe, le désir… Impossible de s’ennuyer dans ce genre de happening. Il y en a pour tous les goûts, toutes les oreilles, toutes les sensibilités. Dire qu’on sent partout les appétits de Mauffette, son imaginaire nostalgique et furieux, sans demi-mesures, serait un euphémisme.

Au coeur du spectacle, il y a le petit Loui (Antoine L’Écuyer) et sa mère (Adèle Reinhardt). Une idée belle et efficace! Autour d’eux, il y a la poésie, souveraine, mais aussi la danse, la musique, les chants, la voix de Guy Mauffette, celles de René Lévesque et de Diane Dufresne, le Québec d’hier et d’aujourd’hui. L’authenticité est telle, de la part du créateur comme des comédiens, qu’elle oblige à la communion. Kathleen Fortin, Émile Proulx-Cloutier, Shawn Cotton, Clara Furey, Francis Ducharme, Roger La Rue, Émilie Gilbert, Nathalie Breuer, François-Xavier Dufour, Patrice Coquereau, Isabelle Vincent, Andrée Lachapelle… tous ils donnent des frissons.

L’aventure est aussi un extraordinaire voyage dans notre littérature. De Miron à Garneau, en passant par Poulin, Uguay, Ducharme, Desbiens, Daoust et Gauvreau. Quel souffle et quelle diversité! On découvre aussi avec bonheur les plumes de Jean-Sébastien Huot, Réjean Thomas (pas le médecin), Étienne Lepage, Daniel Leblanc-Poirier, Virginie Beauregard-Dyotte et surtout la regrettée Geneviève Desrosiers (Nombreux seront nos ennemis, publié à L’Oie de Cravan en 2006, semble être un recueil à se procurer). On sort du théâtre la tête pleine d’images, avec une envie dévorante: remettre ça le plus tôt possible!