J'aurais voulu être un artiste : Le prix de la gloire
Scène

J’aurais voulu être un artiste : Le prix de la gloire

Les sept courtes pièces risquent de toute évidence de mettre à mal les fantasmes "glamour" que certains peuvent nourrir au sujet des artistes. Pleines d’humour et d’autodérision, elles montrent l’envers du décor de la profession de comédien et en brossent un portrait peu flatteur.

Ainsi, Nico Gagnon nous confronte aux réalités bien différentes de deux couples d’acteurs aux succès inégaux. Normand D’Amour y est à la fois touchant et pathétique en comédien raté incapable de supporter la critique, et Marilyse Bourke, très drôle en comédienne de théâtre réinventant le rôle de Juliette; le malaise est palpable. De son côté, Christian Bégin aborde le rapport à la célébrité. Au cours de cette soirée de théâtre à domicile, Philippe Provencher incarne un désopilant notaire à la recherche de personnalité. La pièce de Jean Marc Dalpé nous montre le "business" derrière l’art dans un faux monologue intéressant par sa forme – mais moins par son contenu – où D’Amour se surpasse dans le rôle d’un producteur survolté soucieux de donner au Québec l’émotion qu’il réclame. À découvrir également, les textes de Simon Boulerice, Stéphane E. Roy, Maia Loïnaz et de la jeune Annie Girard qui, dans Le Pacte, analyse finement les relations de couple.

Le metteur en scène Philippe Lambert a visiblement accordé un soin particulier à la direction d’acteur. Les quatre comédiens – citons aussi Geneviève Alarie qui incarne notamment une détestable amatrice d’escargots – sont d’un dynamisme ébouriffant et se glissent avec aisance dans la peau de personnages hétéroclites, faisant fi de l’inégale qualité des textes. D’insolites choix musicaux nous font patienter durant les changements de décors et presque regretter que ceux-ci ne durent pas plus longtemps pour nous permettre de les apprécier pleinement. Soulignons le beau travail aux éclairages d’Anne-Marie Rodrigue-Lecours, ceux-ci créant des ambiances tout à fait différentes d’une courte pièce à l’autre et étant ingénieusement exploités durant chaque scène et pendant les transitions.