Les États-Unis vus par… : Portraits de société
Scène

Les États-Unis vus par… : Portraits de société

Avec Les États-Unis vus par…, le Théâtre de l’Opsis donne à son Cycle états-unien un finale qui est bien loin du bouquet.

Ce Cycle, entamé en 2006, nous a donné quelques beaux spectacles, et l’on aurait aimé un finale éclatant. Le portrait qui s’y dessine est celui d’une société hypocrite, au bord de l’implosion et à la recherche de nouveaux héros, avec laquelle les Québécois entretiennent une relation amour-haine, de même qu’avec leur propre américanité.

Ce n’est donc pas son manque de pertinence que l’on peut reprocher à ce spectacle, mais plutôt un excès de zèle, comme si on avait voulu y caser à tout prix toutes les images d’Épinal disponibles sur nos voisins du Sud. Dans le genre liste d’épicerie, Jasmine Dubé remporte la palme en faisant répondre son personnage à un sondage téléphonique où on lui demande son avis sur tous les sujets possibles, du système de santé à la peine de mort en passant par la guerre, les fouilles aux douanes et l’écologie.

Second au palmarès, le texte de Catherine Léger, qui donne à fond dans la caricature. Malheureusement, de par le choix de la metteure en scène Luce Pelletier de morceler les cinq textes, ces deux-là déteignent sur les autres – qui ne sont pas eux-mêmes exempts de lourdeurs et de clichés – et on sort avec l’impression d’avoir assisté au produit d’un remue-méninges dont toutes les idées auraient été restituées telles quelles.

Autre point faible du morcellement: le statisme qu’il engendre au plan de la mise en scène et l’impression de verbiage qui en découle. Soucieuse que nous soyons capables de rattacher chaque fragment à son texte d’origine, Pelletier a découpé l’espace en différentes zones clairement identifiables, dans lesquelles les comédiens se retrouvent presque toujours coincés, compensant leur immobilité par une surenchère de mimiques et d’effets vocaux (dans le registre femmes au bord de la crise de nerfs, les prestations de Catherine De Léan et Marie-Hélène Thibault sont particulièrement lassantes).

Le seul texte qui échappe à cette regrettable contrainte d’espace est malheureusement une grossière allégorie sur Batman et Robin imaginée par François Archambault. Petite lumière dans la nuit, le texte de Pierre-Yves Lemieux, une somme de témoignages cyniques à souhait et non dénués d’humour. Malheureusement, la mise en scène accentue la répétition du procédé et, là encore, l’ennui gagne.