La Mélodie du bonheur : Sur un air connu
Scène

La Mélodie du bonheur : Sur un air connu

Sous la houlette de Denise Filiatrault, La Mélodie du bonheur brille avant tout par ses interprètes.

D’emblée, il faut le dire, la mise en scène est réduite à sa plus simple expression. Denise Filiatrault a du talent pour la régie de plateau, mais il est navrant de voir avec quelle absence d’imagination elle revisite les aventures de la famille von Trapp. Approcher La Mélodie du bonheur, une oeuvre débordante de bons sentiments, sans l’ombre d’une réinterprétation, sans une proposition esthétique inattendue, sans une once d’ironie, sans jamais donner dans le second degré, c’est difficilement explicable.

Les décors de Jean Bard et les éclairages d’Alain Lortie ne sont ni beaux ni laids, ils sont conventionnels. Il en va de même pour les costumes de Suzanne Harel. Sans surprises. Ajoutons que certaines chorégraphies et certains éléments scénographiques de la production montréalaise évoquent de manière troublante les spectacles créés récemment à Londres et Toronto. Hasard ou coïncidence? Rappelons simplement que le Cabaret de Filiatrault puisait de manière flagrante à celui de Sam Mendes et Rob Marshall. Quant à la superbe musique de Richard Rogers, elle est mal servie par Pierre Benoît et ses six comparses. Trop de clavier et pas assez de cordes. La splendeur de la partition est inexplicablement absente.

Heureusement, il y a les interprètes. Plusieurs d’entre eux donnent des raisons de se réjouir. Les six enfants sont généralement convaincants, mais plus mignons que talentueux. En Rolf et Liesl, les jeunes amoureux, Hugo Lapierre et Marie-Pierre de Brienne s’en tirent fort bien. Le jeune homme – qui sera de la distribution de Je m’voyais déjà en octobre prochain – a le pas aussi assuré que la voix. Dans la robe de la richissime Elsa, Isabelle Lemme est parfaite. Avec Normand Carrière, qui incarne Max, la jeune femme forme un tandem délicieusement opportuniste. Noëlla Huet est extraordinaire en Mère Abbesse. Sa voix est superbe, puissante. Quand elle entonne Climb Ev’ry Mountain, on est parcouru de frissons. On en redemande.

Dans le rôle principal, Florie Gauthier-Valiquette n’est malheureusement pas à la hauteur. Dotée d’une jolie voix, la jeune femme n’a pas, du moins à ce stade-ci de sa carrière, les aptitudes pour le jeu que le personnage réclame. La bonté de Maria, sa bienveillance, sa joie de vivre, sa douce folie, tout cela doit irradier la représentation. Ce n’est vraiment pas le cas. En Capitaine von Trapp, Robert Marien est remarquable. Sa voix porte l’émotion de manière peu commune. Son Edelweiss est déchirant. On ne peut s’empêcher toutefois de lui souhaiter un rôle plus ample, à la hauteur de son talent.