Armand Vaillancourt : L'art de se tenir debout
Scène

Armand Vaillancourt : L’art de se tenir debout

Armand Vaillancourt fréquente beaucoup les écoles. Le contact des jeunes, ça l’allume. Il sera d’ailleurs président d’honneur de Plaisir public, le Festival des finissants en arts de l’UQAC.

"C’est pas pour l’honneur que j’y vais, affirme Armand Vaillancourt. Je me considère plutôt comme un outil qui peut servir la collectivité. Ça me nourrit beaucoup, être proche de mes confrères et consoeurs, ça me permet d’exprimer mes sentiments profonds, pis ma solidarité pour la jeunesse. Les jeunes sont tellement allumés de nos jours, ils sont ouverts, branchés sur le monde. Mais je comprends pas pourquoi ils ne se scandalisent pas plus de tout ce qui se passe dans le monde."

Peu de gens savent que la sculpture qui trône modestement sur le terrain de l’hôtel de ville de Chicoutimi est une oeuvre d’Armand Vaillancourt. Même s’il dit avoir toujours fait passer sa carrière en dernier, il a été l’instigateur d’un art qui prend la parole sur la place publique.

Il reste peu de vrais militants au Québec. Après le décès de Pierre Falardeau, suivi de près par celui du syndicaliste Michel Chartrand, on se demande si la voix de la révolution au Québec ne serait pas en voie d’extinction. "Moi, j’ai 82 ans et je n’ai jamais été aussi raide baveux. Je suis tellement écoeuré par tout ce qui se passe, ici et ailleurs… le gaz de "shit", les mines, les rivières, les barrages qui décrissent des populations. On vit dans une société soi-disant libérale qui est pas libérale pantoute. Les budgets sont discriminatoires, quand il y a des coupures, c’est toujours dans le social. Mais on n’organise rien. Personne se lève pour crier à l’injustice. L’État, c’est pas juste pour gérer la richesse des riches! L’État est pourri, pis tant qu’il y aura des pourritures qui vont faire souffrir du monde, je vais être là pour les traiter de salauds. On n’est plus à l’heure des dialogues polis. Moi je me tiens debout et je vais continuer de le faire."

Il faut dire qu’Armand Vaillancourt en a vu d’autres. Né en 1929 à Black Lake au Québec, tout près des frontières américaines, il est le 16e d’une famille de 17 enfants. Son père travaillait dans les mines et le fils a lui aussi exercé ce métier, avant d’aller à Montréal faire l’école des beaux-arts.

Sa vie et son oeuvre sont indissociables. Douceur et humanisme, démesure et anarchie sont les balises extrêmes entre lesquelles s’inscrivent les épisodes de sa vie. Engagement et création forment un tout dans l’univers de cet homme sans compromis, même si au premier abord, dans l’abstraction de ses oeuvres, on ne voit pas toujours la démarche politique. Mais dans son art, comme dans la vie, on se retrouve face à Armand Vaillancourt comme face à une matière brute. Son intégrité et ses envolées lyriques sèment l’espoir d’un monde plus juste. "Pis c’est pas aujourd’hui que je vais mourir, renchérit-il. J’ai pas le temps."