Pierre-Paul Savoie : Un monument pour Lhasa
Scène

Pierre-Paul Savoie : Un monument pour Lhasa

Appuyé par Coup de coeur francophone, Pierre-Paul Savoie organise un pow-wow musico-chorégraphique pour rendre hommage à Lhasa De Sela.

Comme bon nombre de fans, l’artiste multidisciplinaire Pierre-Paul Savoie a été profondément marqué par l’oeuvre de Lhasa, emportée prématurément par un cancer en 2010. Soulignant le magnétisme de sa présence, la poésie et la sagesse de ses écrits ainsi que la perfection mélodique et structurelle de ses compositions, il se dit plus particulièrement touché par l’approche de la mort dont elle témoigne dans des chansons comme Soon This Space Will Be Too Small, I’m Going in ou Anywhere on This Road, qui comptent parmi les 21 morceaux au programme de Danse Lhasa Danse.

« Son oeuvre m’a transpercé et elle m’atteint là où le créateur veut prendre parole, déclare le fondateur de la compagnie PPS Danse. Je me sens comme un relais de la résonance qu’elle a eue en moi: je reprends le flambeau pour mettre son héritage en lumière. Comme le dit si bien Mario Légaré, son bassiste, Lhasa avait quelque chose de sacré. Elle chantait avec son âme. Donner une vision à ses chansons et les faire résonner à travers le corps est une belle façon de lui dire merci et de lui rendre hommage. Parce que la danse, c’est le langage de l’âme. »

Les 13 danseurs qui partagent la scène avec les 11 chanteurs et musiciens invités rendent compte de la diversité de styles en danse contemporaine tout en faisant écho à la diversité musicale et linguistique qui a marqué les trois albums de Lhasa. À l’éclectisme des sonorités soul, rock, gitanes, mexicaines ou folk répondent le flamenco contemporain de Myriam Allard, les influences indiennes de Roger Sinha, l’intériorité du butô de Jocelyne Montpetit, le style néoclassique d’Edgar Zendejas, les lignes pures et sensuelles d’Hélène Blackburn, l’expressivité de David Rancourt et l’urbanité de Louise Michel Jackson, qui adapte une chorégraphie créée du vivant de Lhasa sur Rising.

« Les chorégraphes ont choisi les chansons qui les inspiraient et les chanteurs sont allés ensuite vers ce qu’ils sentaient le mieux. Rien n’a été imposé. La seule consigne que les artistes ont eu à respecter, c’est de ne pas faire de la danse et de la musique deux arts séparés », précise Savoie, qui veille à l’équilibre et à la fluidité de la mise en scène et qui a travaillé de concert avec la directrice artistique Louise Beaudoin pour assurer un bon rythme d’ensemble au spectacle.

Des six chanteurs principalement choisis pour leurs qualités de voix et de présence, Bïa et Thomas Hellman sont les seuls à avoir partagé une intimité avec Lhasa. Alexandre Désilets interprète trois des huit morceaux sans chorégraphie, Karen Young fait trois apparitions, et l’on aura l’occasion de faire plus ample connaissance avec Geneviève Toupin, et avec Alejandra Ribera, découverte au dernier Festival de jazz. Composé par le bassiste et contrebassiste Philippe Brault, l’ensemble instrumental ne compte qu’un ex-musicien de Lhasa, le guitariste Joe Grass.

Une messe grandiose à la mémoire d’une artiste qui occupe une place privilégiée dans nos coeurs et sur nos playlists.