L'anatomie du chien : Quelque chose d'animal
Scène

L’anatomie du chien : Quelque chose d’animal

Dans L’anatomie du chien de Pier-Luc Lasalle, nouvelle création du Théâtre Sans domicile fixe, un étrange cabot s’immisce dans une soirée parmi un assortiment d’humains majeurs et vaccinés.

Après la trilogie Pour en finir avec… et les productions Je suis Cobain (peu importe) et Pick-up, le Théâtre Sans domicile fixe, en résidence au Théâtre d’Aujourd’hui, présente une première pièce pour laquelle il s’accorde "enfin plus de temps".

L’auteur de L’anatomie du chien, Pier-Luc Lasalle, était encore sur les bancs de l’École nationale de théâtre lorsqu’il a pondu une première version. Celle-ci frappa l’imaginaire de ses camarades de classe – aujourd’hui collaborateurs – au point de vouloir la reprendre et l’étoffer.

Anne-Sophie et Rémi invitent des amis à une soirée sans histoire jusqu’à ce qu’Henri arrive avec un chien qui va jeter l’émoi parmi les invités. L’un d’eux pense reconnaître dans l’animal Chantal, l’ex-petite amie d’Henri. "À partir de là, tout bascule. Cette vision absurde crée l’ambiguïté, le trouble au sein de la bande, explique le metteur en scène Charles Dauphinais. En retravaillant la pièce, Pier-Luc a donné de la chair aux autres personnages, à leur histoire propre par rapport à cet être mystérieux."

Par le biais d’une image brutale de soumission, la pièce en forme de huis clos aborde les rapports de pouvoir entre individus, mais aussi la faillite des relations interpersonnelles. "Ça se promène entre la comédie et le drame psychologique. Quand on pense que c’est un chien, c’est humoristique, mais quand on imagine une femme, c’est beaucoup plus troublant." Une question sur laquelle la bande d’amis finira par s’entredéchirer. "L’écriture de Pier-Luc traite beaucoup de notre génération qui se questionne par rapport à l’amour, à l’amitié, observe Dauphinais. De l’image que l’on veut projeter dans la société, de ce qu’on représente, ce qu’on espère donner à ceux qui nous précèdent et qui nous suivent."

Inévitablement, la pièce exigeait qu’une comédienne incarne un chien sur scène. Une convention sensible, selon le metteur en scène: "À partir du moment où l’on s’imagine que ça peut être Chantal, il y a matière à jugement. Au final, je pense qu’on a réussi à créer une image trouble qui envoie des indices contradictoires, à la fois réconfortants et déstabilisants."

Et pour ceux qui s’inquiétaient du sort du cabot? "La grosse boule de poils va se manifester à quelques occasions, mais c’est un personnage muet. En revanche, il y a quelques moments où l’on bascule dans son monde pour percevoir sa solitude, le regard qu’on lui porte", résume Dauphinais.