Naissance : Accouchement théâtral
Scène

Naissance : Accouchement théâtral

La pièce Naissance veut provoquer une réflexion sur l’accouchement autant chez les femmes et leur famille que chez les professionnels et les organismes travaillant en périnatalité. Discussion avec la génitrice du projet au Québec, Maude Poulin.

Naissance met en scène six futures mamans en plein travail. Six accouchements très différents, des cheminements parfois laborieux, parfois idylliques. Le tout totalement dépouillé de tabous.

C’est après avoir recueilli, en 2004, plus de 100 témoignages de femmes sur leurs grossesses et leurs accouchements que la militante américaine Karen Brody a écrit la pièce. "Dans le fond, ça a un peu été écrit comme Les monologues du vagin", compare Maude Poulin, qui a permis à Naissance de voir le jour au Québec après avoir assisté à une représentation en français à Paris. "Au départ, en 2010, on ne devait présenter la pièce que deux ou trois fois à Montréal, mais la demande était là." Le spectacle est donc appelé à tourner au Québec.

Avec l’accord de l’auteure, Maude Poulin et l’équipe de Naissance ont supprimé une scène, afin de la remplacer par une autre, histoire d’actualiser le tout et de permettre au public québécois de s’approprier davantage la pièce. "La nouvelle scène se passe dans une maison de naissance. C’est la scène où le conjoint est le plus impliqué dans l’accouchement."

Pour celle qui suit actuellement le programme de baccalauréat en pratique sage-femme à l’Université du Québec à Trois-Rivières, l’important était de montrer l’éventail de possibilités s’offrant aux femmes enceintes, de susciter une réflexion sur l’hypermédicalisation des accouchements, et surtout, d’humaniser la naissance. "L’idée, c’est d’unir les mondes. C’était primordial que les médecins, les infirmières et les sages-femmes se réunissent." Chaque représentation est suivie d’un panel de discussion, habituellement composé d’intervenants de la région. À Trois-Rivières, ce panel sera constitué du Dr Jean-Philippe Blais, de l’infirmière Véronique Larouche et de Jessica Thompson, sage-femme à la maison de naissance de Nicolet.

AUX PREMIÈRES LOGES

Si vous croyez que la simulation d’un accouchement sur scène défie les lois de l’esthétique, détrompez-vous. "C’est certain que c’est intense d’aller aussi en profondeur. Mais justement, un accouchement, c’est intense. C’est parfois humoristique, sans être une vulgaire caricature. Il y a des scènes plus choquantes que d’autres, mais c’est aussi la réalité", affirme Maude Poulin.

"Ce n’est pas un documentaire, donc c’est très théâtralisé. On démontre sans tout faire", souligne la metteure en scène Johanne Benoit, pour qui le travail a demandé une belle gymnastique émotionnelle et technique. Puisque la scène est un espace vide et qu’il y a des sauts entre le présent et le passé, le jeu des comédiens devient essentiel. "Chaque mouvement a son importance. Le corps est vibrant et prend la place. Il doit être bien dessiné dans l’espace."

Avec Annie Arsenault, Julie Beaulieu, Bénédicte Gobert, Sharon James, Marjolaine Lemieux, Marie-Claude Sabourin et Denis Michaud.