Jade Marquis : Jouer avec le feu
Scène

Jade Marquis : Jouer avec le feu

Programmée à Zone Homa en soirée partagée avec un spectacle signé Ariane Boulet, la chorégraphe Jade Marquis interroge le lien entre danse et sexualité dans La séduction?.

C’est parce qu’elle étudie l’hypersexualité dans les vidéoclips pour sa maîtrise en danse que l’interprète Jade Marquis a ressenti le besoin de s’essayer à la chorégraphie. "Selon plusieurs auteurs, certains stéréotypes de séduction sexualisée ont gagné du terrain dans la culture populaire ces dernières années et je me demandais si le lien entre séduction et danse était inévitable, explique-t-elle. J’étais convaincue qu’on avait une latitude pour jouer avec ça et j’ai eu envie de voir si je pouvais partir de quelque chose de quasi asexué et le rendre quasi pornographique; voir comment je pouvais changer, moduler une même gestuelle, à force de détails au niveau de l’intention, du placement du corps, de la qualité de mouvement, et faire que la sexualisation ne soit pas quelque chose d’impératif mais de choisi."

Initialement bâtie en trois tableaux, La séduction? s’inspire de postures stéréotypées que la chorégraphe-interprète déconstruit pour mieux les reconstruire, jouant sur différents niveaux de charge émotionnelle et sexuelle. Un exercice délicat dont certaines scènes torrides pourraient renforcer ce qu’elle cherche à déboulonner.

"Je cherche comment travailler un mouvement provocateur, pornographique pour en faire quelque chose qui me parle, et je pense sincèrement ne pas rester dedans; je vire rapidement à l’ironie, analyse la jeune chercheuse. Le fait est qu’à Montréal, ça a été bien perçu, alors qu’à Québec, le solo a provoqué plus de malaise que de rires… Là, j’essaye de l’amener dans quelque chose de tellement caricatural, tellement chargé, que ça peut devenir plus mécanique que pornographique."

Pour la reprise à Zone Homa, Marquis prévoit de faire passer la durée de l’oeuvre de 12 à 25 minutes, ajoutant un tableau où quatre danseuses partagent la scène avec elle. "Je veux voir en quoi ces quatre personnes peuvent changer la donne, ce qu’elles peuvent amener comme lecture. Elles sont traitées comme un groupe plus que des individualités, on travaille la posture dans la démarche et on en arrive au défilé, qui est aussi un gros cliché intéressant à travailler."

Un exercice de style qui soulève des questions aussi pertinentes pour le public que pour les créateurs en danse contemporaine.