Daniel Léveillé : Bienheureuses solitudes
Scène

Daniel Léveillé : Bienheureuses solitudes

Daniel Léveillé entame un nouveau cycle de création avec Solitudes solo, revisitant le patrimoine gestuel de ses débuts avec cinq danseurs époustouflants. Une oeuvre d’autant plus attendue que sa présentation au Festival TransAmériques avait dû être annulée pour cause de blessures.

Amorcée en 2001 par Amour, acide et noix et bouclée en 2007 par Le crépuscule des océans, la Trilogie de l’imperfection a gravé le nom de Daniel Léveillé sur la carte chorégraphique mondiale, fascinant par la rudesse et la radicalité d’une danse qui révélait l’humanité d’interprètes rendus totalement vulnérables par les difficultés techniques et par la nudité. "Quand on a connu un succès comme celui des trois dernières oeuvres, on est tenté de refaire la même chose; mais je ne voulais ni me répéter ni que la nudité devienne une marque de fabrique, explique le chorégraphe. J’ai pensé que la forme solo était la meilleure façon d’aller voir ailleurs si j’y étais."

Vêtus de culottes et de t-shirts ajustés qui rappellent leurs différences de qualité de peau par d’imperceptibles variations de teintes, quatre hommes et une femme (les fantastiques Justin Gionet, Emmanuel Proulx, Manuel Roque, Gaëtan Viau et Lucie Vigneault) se succèdent dans une série de huit solos sur les violons de Bach. Toujours très exigeante, la gestuelle est souvent exécutée avec une lenteur extrême qui exalte leurs talents et ouvre un accès d’autant plus exclusif à leur être qu’ils sont seuls en scène.

"Les gens qui ont connu la danse des années 1970-90 pourront voir quelques clins d’oeil à la technique Limon et à celle du ballet, qui ont été très présentes dans ma formation et que j’ai encore dans le corps, ajoute Léveillé. C’est une manière de revisiter une sorte de patrimoine dansé qui n’est jamais exécuté tel quel et qui est actualisé par des danseurs qui n’ont pas appris ces techniques."

L’écriture hachurée si caractéristique du chorégraphe s’imprègne de douceur, les mouvements se font moins angulaires et même parfois plus fluides. Après quelques avant-premières données en Europe et de mini-ajustements, la pièce est enfin présentée à Montréal. "C’est encore difficile d’identifier ce qui est dit sur scène, mais j’ai l’impression de toucher ce moment un peu particulier où on est à la fin d’une relation amoureuse et pas prêt à en commencer une autre, avance Léveillé. Un temps de solitude qui peut être assez lourd, mais qui est nécessaire et, en ce sens, riche de potentiel."

Du 26 au 29 septembre
À l’Agora de la danse