Tout ce qui tombe : La chute des murs
Scène

Tout ce qui tombe : La chute des murs

Les trajectoires humaines dessinées par Véronique Côté dans Tout ce qui tombe tirent des courbes dangereuses, entre départ et recommencement.

Ils chancellent mais n’abdiquent pas. Aux prises avec une question, un déchirement, une cassure qui les mettent en danger, les sept personnages de la première pièce signée par l’actrice Véronique Côté (Forêts, Temps) constateront qu’après l’échec ou la chute, "tout n’est pas perdu". Porteurs d’espoir, résilients, ils livrent tour à tour des discours souvent frontaux, confessions empreintes d’émotion et de sincérité, parfois un brin éplorées, se débattent contre les obstacles érigés devant eux. L’action se divise entre un couple d’Allemands qui tente de passer à l’ouest, juste avant la chute du mur de Berlin en 1989, un autre composé d’un Québécois et d’une cantatrice allemande qui essaie d’avoir un enfant en 1999, et deux Québécois en exil à Berlin qui se séparent et se retrouvent, en 2009. Entre ces trois unions fragiles se promène un électron libre, Marie, fugueuse professionnelle, qui n’arrive pas à se lier ni à se fixer et qui incarne la triste liberté sans maison, sans pays.

La très belle mise en scène fluide et dynamique signée Frédéric Dubois crée un espace jonché d’objets, de chaises, des frontières isolant les personnages qui tentent d’abattre les murs qui les séparent. Les acteurs, certains en français, d’autres en allemand, sont tous très justes, fragiles et forts, profondément humains (surtout le couple allemand déchiré ironiquement par la chute du mur de Berlin), mais ces vies parallèles sont liées par des thématiques de manière un peu artificielle, tel un patchwork dont chaque morceau aurait fait à lui seul une excellente pièce. Peut-être ne faut-il pas chercher à rattacher les fils des destins croisés de ces êtres en chute libre, qui cherchent justement à se réenraciner? Toujours est-il que malgré l’écriture souple, colorée et foisonnante de belles images de Véronique Côté, la pièce laisse une impression décousue et dit parfois trop ce qui pourrait être suggéré.

Jusqu’au 17 novembre
Au Théâtre d’Aujourd’hui