Marie-Ève Perron / Gars : Un peu de tendresse…
Scène

Marie-Ève Perron / Gars : Un peu de tendresse…

Fille cherche désespérément à récupérer Gars. Pour aborder les dérives du couple, Marie-Ève Perron fait coexister les discours fantasmagoriques sur l’Amour avec un grand A.

«Kitsch-quétaine, c’est sûr, certain», répète Fille comme pour promettre que ses envolées amoureuses sont bien assumées. Ces quelques mots pourraient aussi bien être prononcés par son interprète Marie-Ève Perron, qui a écrit, mis en scène et produit le spectacle solo Gars. «Sans être rose bonbon fleur bleue, je ne suis pas cynique dans la vie. On pourrait me qualifier de kitsch-quétaine, mais tant pis! J’ai un fond romantique. Je trouve ça absolument passionnant quand une personne tombe amoureuse. Il y a cette respiration forte tout à coup. Je trouve ça beau», rosit la comédienne de 33 ans qui partage son temps entre la France et le Québec depuis sa sortie du Conservatoire en 2004.

C’est au tournant de la trentaine que le questionnement amoureux à l’origine de Gars s’est manifesté: «Nous sommes perdus par rapport aux modèles amoureux qui nous précèdent. Les rapports homme-femme se sont métamorphosés au cours des 60 dernières années. J’avais l’impression que personne ne se posait la question: comment aime-t-on aujourd’hui?», situe celle que le public québécois connaît surtout pour son rôle de Loup dans Forêts de Wajdi Mouawad et le public français, pour Cathy-casse-couilles dans l’adaptation française des Invincibles.

La pièce commence avec un claquement de porte. Gars vient de quitter Fille. Son monde, tel qu’elle le perçoit, vient de basculer. Elle croise une galerie de personnages dont les discours ébranlent ses convictions les plus profondes. «J’ai écrit sur le fantasmagorique amoureux qui se prend une claque. C’est écrit dans une langue imagée, les expressions brutes côtoient les envolées décalées. Le décor est d’ailleurs plus proche de l’installation. C’est un non-lieu.»

Perron a toujours écrit. «J’ai mis du temps avant de sortir mes mots de ma cuisine.» En 2008, elle proposait Marion fait maison (anciennement La soirée de la dinde) à Yvan Bienvenue pour les Contes urbains. À Paris, elle vient de présenter sa pièce Good girl, une partition pour sept femmes et un homme, dans un concours de mise en scène. La chaîne française Orange tournera cet automne la série télé France-Kbec (titre provisoire), qu’elle a coécrite. «Comme je suis surtout à l’extérieur, on ne m’attend pas au Québec. Pour montrer ce que je fais, je devais créer mon propre emploi», énonce-t-elle à propos de son solo.