La monnaie de la pièce: Efficacité comique
Scène

La monnaie de la pièce: Efficacité comique

Il n’y a qu’à Terrebonne que le théâtre comique estival est fait avec un si grand souci de qualité. Proposant avec La monnaie de la pièce un vaudeville contemporain aux mécanismes comiques hyper-classiques, le Théâtre du Vieux-Terrebonne continue d’offrir un théâtre de haut niveau, qui ne réinvente rien mais atteint rigoureusement ses objectifs de dérision.

Ce n’est pas un Feydeau. Mais c’est tout comme. Hormis les références à la vie bourgeoise du début du siècle dernier, le duo Didier Caron et Roland Marchisio a parfaitement reproduit les mécanismes comiques d’un vaudeville typique, les parachutant dans la réalité contemporaine de la classe moyenne. Mais puisque l’intrigue a le bon rythme, que les péripéties et revirements s’y enchaînent prestement et que le marasme dans lequel s’enfoncent les personnages est inusité à sa manière, on se fout du manque d’inventivité de cette intrigue prévisible mais hilarante et très rondement menée. D’autant qu’il est appréciable que le Théâtre du Vieux-Terrebonne n’ait pas adapté le texte outre-mesure pour le faire correspondre à la réalité québécoise. Puisque l’écriture est précise et que les situations y sont universelles, il ne servait à rien de la défigurer. Ici, de simples ajustements (les noms de lieux et quelques expressions locales) suffisent à ancrer la pièce dans son espace de représentation.

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Dépassant les simples quiproquos d’adultère, la pièce appuie son ressort comique sur le principe du mensonge à répétition… et c’est diablement efficace. Pour cacher à sa femme (Marie-Hélène Thibault) ses pétrins financiers, un chef d’entreprise (énergique Martin Drainville) implique son meilleur ami (attachant Luc Guérin) dans une ronde de mensonges improbables et de plus en plus inextricables. S’y enrôleront contre leur gré un huissier venu évaluer les biens (Patrice Coquereau), un agent immobilier pressé de vendre la maison (Bruno Marcil), un livreur de meubles exaspéré (Didier Lucien), une banquière compatissante (Julie Ringuette) et une terrifiante belle-mère (désopilante Pierrette Robitaille).

Il y a des clichés (la belle-mère), des blagues homoérotiques faciles, des jeux avec les accents québécois et italiens, des portes qui claquent et des costumes extravagants. Rien de bien original, mais par l’intelligence de ses dialogues, par sa répartie et par son ironie, le texte de Caron et Marchisio évite toujours le pire.

À la mise en scène, Benoît Brière orchestre sa meute d’une main de fer, avec une précision redoutable, mais visiblement dans le plus pur plaisir du jeu.

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Au Théatre du Vieux-Terrebonne jusqu’au 16 août