Katherine Levac / Zoofest : La reine du Zoofest
Zoofest 2014

Katherine Levac / Zoofest : La reine du Zoofest

On la dit pince-sans-rire. Mais l’humoriste Katherine Levac, grande gagnante d’En route vers mon premier gala, est surtout une excellente conteuse qui enfile récits agricoles et autres histoires avec un je-ne-sais-quoi de décalé qui fait toujours mouche.

Elle a grandi avec Harry Potter, comme de nombreuses filles de sa génération. C’est l’un des multiples aspects de la personnalité de Katherine Levac que nous découvrirons cet été au Zoofest dans le spectacle collectif Le Harry Potter show, qui rassemble une armée de geeks passionnés par l’univers du jeune sorcier anglais. «Harry Potter, dit-elle, c’est une vraie maladie mentale chez moi. Le défi avec ça, c’est d’être assez captivant pour soutenir l’intérêt pendant un show complet avec des jokes de Voldemort. Cela dit, c’est un univers riche et hyper-foisonnant, et tellement vaste, que je ne pense pas qu’on va manquer de matière.»

Pendant le rebelle festival montréalais, elle partagera aussi la scène avec son grand complice Jérémy Du Temple dans un programme double, avant de se lancer dans un spectacle de sketches intitulé Champagne May West, qui promet des tas de surprises. «On se ressemble beaucoup Jérémy et moi, mais nos énergies sont différentes, alors je pense que ça donne un show intéressant. Et dans Champagne May West, on cultive un esprit un peu absurde. Je pense que ça peut ressembler au Projet Bocal (la pièce de Sonia Cordeau, Simon Lacroix et Raphaëlle Lalande), même si ce ne sera pas aussi théâtral ni aussi à côté de la plaque. C’est un show très libre, où on fait les personnages qu’on a envie de faire même s’ils sont absurdes et ridicules.»

Trois projets à dimension variable et définis par des collaborations diverses: voilà qui donne une excellente idée de la vaste palette d’humour à laquelle est prête à se confronter Katherine Levac.

Franco-Ontarienne ayant jadis jalousé les Québécois et leur «si puissante culture», elle est débarquée à Montréal pour faire des études en littérature après une adolescence paisible passée sur la ferme familiale. Elle se moque d’ailleurs bruyamment de sa personnalité de première de classe. Parfois, elle fait même des blagues sur la Révolution française. Voilà qui est plutôt rafraîchissant en humour québécois.

«La littérature sera toujours à l’arrière-plan de mon humour, dit-elle. Ne serait-ce que parce que c’est pendant mes études littéraires que j’ai appris à organiser ma pensée et à maîtriser la narration. Je suis une conteuse d’histoires; mon humour, c’est du storytelling. Je fais du stand-up, j’aime que ce soit rythmé et qu’une blague n’attende pas l’autre, mais je veux avant tout raconter quelque chose. Je puise mes histoires dans ma vie, mais aussi dans les récits universels. Et je pense que les gens sont prêts à bien davantage de diversité que ce que l’industrie de l’humour veut bien nous faire croire. Quand on sait s’y prendre, on peut amener le public où on veut.»

Sur scène, d’un visage que l’on dit impassible, sans chercher à avoir l’air exagérément pétillante, elle raconte la vie rurale et pose son regard amusé sur le monde qui l’entoure. Partout, tout le temps, on insiste sur son identité franco-canadienne, lui rappelant l’étrangeté d’être née à Saint-Bernardin. «Au Québec, le fait que je sois Franco-Ontarienne fait toujours beaucoup jaser. Sérieusement, pour cette raison, je ne désirais même pas aborder le sujet au début. Mais ça s’est imposé – et je pense que c’est bon d’en rire, parce qu’il y a effectivement des différences entre les Québécois et les francophones du reste du Canada.»

C’est une femme de tête, qui a quitté son petit village pour devenir une vedette de l’humour. Ses prestations dans l’émission SNL Québec l’ont déjà un peu sortie de l’ombre, et le concours télévisé qu’elle vient de remporter y contribuera encore plus. De plus, elle sera suivie par les caméras de l’émission Les 5 prochains. Trop de visibilité? Certainement pas, répond l’ambitieuse jeune femme. Elle veut avoir du succès et de l’argent. Elle réussira tout ça, assure-t-elle, en ne mettant pas son intégrité en péril et en restant toujours elle-même (son autre priorité absolue). «En route, ça va me donner de la visibilité, mais j’espère que ça va pas changer ma façon d’écrire et la nature de mes projets. Je tiens à mon authenticité, à mon intégrité et à mon indépendance d’esprit.»

Elle rêve d’être une sorte de Louis C.K. québécoise, du moins de faire un humour sans compromis, qui lui ressemble jusqu’au plus profond d’elle-même, sans obéir aux sirènes de l’industrie. «Je suis fan des films de Wes Anderson, ajoute-t-elle, parce que j’aime la liberté de regard que m’offrent ses films, et j’aspire à faire un humour comme ça: un humour dans lequel le rire peut survenir à différents endroits, selon les spectateurs. Je veux que tout le monde soit libre dans l’échange qui survient entre nous.»

Pour les dates des spectacles de Katherine Levac au Zoofest, consultez le zoofest.com.