Zone Homa / Les savants / 3 questions à Gabrielle Lessard
Scène

Zone Homa / Les savants / 3 questions à Gabrielle Lessard

Grande investigation sur l’utopie et le sens qu’elle prend dans un monde désenchanté, la pièce Les savants croise les voix de trois personnages féminins imaginés par Gabrielle Lessard. Nous lui avons posé 3 questions.

VOIR: Votre démarche d’écriture repose avant tout sur une grande enquête. Comment avez-vous procédé?

Gabrielle Lessard: C’est en quelque sorte un projet de consultation populaire. Au début, ça devait être une série de manifestes, rédigés à partir des idées d’une foule de personnes que j’ai rencontrées pour discuter d’utopie et de la quête du bonheur et de l’harmonie. Ça a pris une autre direction, c’est devenu un texte dramatique plus construit, mais qui s’appuie sur des propos recueillis auprès d’une grande variété de personnes. Je leur demandais d’abord s’ils sont heureux, pourquoi, et comment changer pour atteindre leur idéal personnel puis des idéaux collectifs. Il s’agissait donc de partir de l’intime pour aller doucement vers le politique. Ça ne fonctionnait pas tout le temps, cette progression; certains restaient à l’échelle intime, mais parfois ça a donné lieu à des conversations exceptionnelles, pleines d’acuité.

 

VOIR: Pourquoi cette variété de gens, comment les avez-vous choisis et quel constat général peut-on faire à partir de leurs paroles?

G.L.: Il me semblait que, trop souvent, les gens sont gênés dexprimer leurs idées parce qu’ils se sentent imposteurs; ils pensent quils ne sont pas assez intellos pour exprimer convenablement leurs utopies et pour imaginer un monde nouveau. Or, en parlant avec tous ces gens, issus de toutes les classes sociales et de différents milieux, j’ai constaté une certaine urgence de dire. J’ai même senti un grand optimisme, disons un optimisme individualiste, ressenti à une échelle personnelle, souvent contre-balancé par un grand pessimisme en ce qui concerne l’état de la planète, la cohésion sociale et la vie politique. En bref, le monde nous inquiète, mais ça ne nous empêche pas d’être heureux, à travers une certaine forme de repli sur soi.

 

VOIR: Quelle forme écrite donnez-vous à toutes ces prises de parole?

G.L.: Trois voix se sont démarquées, et à partir d’elles j’ai créé trois monologues qui se croisent et se répondent, en quelque sorte. Ce sont des personnages féminins, aux antipodes mais liés par une soif de parole. Il y a notamment une écrivaine, dont le regard sur le monde est plus poétique, et une femme plus terre-à-terre, qui observe sa société avec un regard plus concret. Je pense que le choc de leurs perspectives va être intéressant et j’espère qu’il suscitera la discussion.

 Les savants est présenté le jeudi 7 août à 20h à la Maison de la culture Maisonneuve, dans le cadre de Zone Homa