La solitude d'un acteur de peep-show avant son entrée en scène : La vérité sans retenue
Scène

La solitude d’un acteur de peep-show avant son entrée en scène : La vérité sans retenue

Paul Van Mulder fait de ce monologue aussi candide que brutal le cri du coeur d’un ultra-sensible abîmé par la vie, implorant sans repos ni trêve une plus grande bonté de la part de ses contemporains, dans une quête absolue de vérité, de dignité et de tranquillité d’esprit.

Les mains tordues, le sourire enfantin, la voix douce, les yeux rieurs, embêté de tout son être d’être là, l’acteur de peep-show affirme d’emblée qu’il n’a rien à dire. Quelque chose le pousse toutefois à faire face à son public, à se dévoiler timidement à coup d’anecdotes et à prendre goût à cette intime rencontre avec des étrangers. Et c’est tant mieux pour nous. Dans cette toute petite salle du Théâtre Prospero, ornée d’une simple ampoule et d’une chaise, Paul Van Mulder offre le flot de pensées d’un homme angoissé, blessé, incapable de prendre le contrôle de sa vie.

Sans possibilité de fuir sa propre histoire, de se fuir lui-même, toujours face à un moment ou un autre à un miroir qui lui rappelle l’être brisé qu’il est, l’acteur questionne les rapports humains souvent violents qui l’étonne encore. C’est avec la naïveté émouvante d’un enfant qui découvre l’étendue de la cruauté humaine pour la toute première fois qu’il se bute à des souvenirs douloureux et au rappel de sa propre solitude. Mais il y a son métier qui le sauve, le temps d’un quinze minutes par heure, le temps d’un peep-show. Le sexe est d’ailleurs son échappatoire par excellence, le seul moyen de prétendre qu’il s’ouvre aux autres, l’exutoire facile pour se sentir vivant et obtenir une certaine célébrité qui sauve son amour-propre, du moins le temps d’un spectacle.

Si le monologue surprend par la simplicité des observations de l’acteur sur son métier peu orthodoxe et sa vie insatisfaisante avec un humour bon enfant, elle s’avère un véhicule parfait pour mener vers des moments où le masque tombe enfin, où l’acteur cesse d’être simple spectateur de son existence et qu’il se présente à tous sous son vrai jour. Craintif, égaré, se livrant jusqu’à exhiber sans retenue toute sa vulnérabilité, il nous invite dans ce casse-tête émotif et existentiel d’une profondeur insoupçonnée auquel on se porterait bien volontaire pour lui trouver une quelconque issue. Un casse-tête qui ne verse heureusement pas dans la simple plainte pathétique, bien qu’il se perde parfois en longueurs dans un ensemble qui aurait pu être écourté sans risquer d’en perdre l’essentiel du propos.

La solitude d’un acteur de peep-show avant son entrée en scène a été créé en 2008 et a passé le cap des cent représentations en Belgique. Paul Van Mulder, l’auteur-acteur qui fait voyager sa création pour une première fois à Montréal, rendra également visite à la France avec ce monologue puissant. Un face-à-face sympathique et bouleversant d’un homme qui n’a, au fond, rien de bien particulier à raconter, si ce n’est de son histoire aux thèmes inévitablement universels et à qui on voudrait assurer que tout ira pour le mieux.

La solitude d’un acteur de peep-show avant son entrée en scène est à l’affiche du Théâtre Prospero jusqu’au 20 septembre