La veuve joyeuse / Opéra de Québec : Heure exquise!
Scène

La veuve joyeuse / Opéra de Québec : Heure exquise!

François Racine met en scène La veuve joyeuse dans une toute nouvelle production de l’Opéra de Québec, et cette joie risque bien de se propager!

C’est un metteur en scène très recherché qui monte chez nous, ces jours-ci, La veuve joyeuse (1909) de Franz Lehár. Après une année à travailler Puccini, Purcell et Menotti à Montréal, avec un détour par Ottawa pour Madame Butterfly, l’année 2015 de François Racine s’annonce occupée elle aussi avec d’autres productions à Montréal et un retour à Seattle pour Nabucco. Bref, il remercie sa destinée, et la perspective de collaborer pour une cinquième fois avec l’Opéra de Québec pour monter sa propre version de l’opérette la plus jouée au monde ne l’effraie pas. «Bien sûr, on sent un peu de pression, explique-t-il. C’est l’équivalent de monter Carmen… Tous les spectateurs ont une idée de ce que ça devrait être. À partir de là, c’est sûr que mon travail c’est d’essayer de les surprendre, parce qu’à la base, on est dans la comédie, alors je dois travailler mon timing, mais je pense que de ce côté-là, ça va bien.»

Dans l’opérette de Lehár, les plans de remariage (de raison) de la belle Missia Palmieri avec le prince Danilo semblent devoir être contrecarrés par un quiproquo, mais les deux tourtereaux renoueront d’anciens liens et tout finira bien. «Avec ces deux personnages, explique Racine, on frôle une réalité touchante, et c’est ça, je crois, qui contribue au succès de l’œuvre: on y croit. On croit à leur amour, alors il faut jouer cette réalité-là en contraste avec la folie environnante et lui donner de la valeur. J’ai essayé d’établir des rapports crédibles entre les personnages principaux, tout en remontant le ressort de la comédie au maximum.»

Les accents des interprètes, s’il arrive qu’ils gâchent le plaisir de l’écoute, sont ici les bienvenus et contribuent à la crédibilité des personnages. Le metteur en scène commente: «Pour Missia, c’est parfait, parce que le personnage est une Américaine qui a vécu à Paris, donc elle casse le français et elle le dit elle-même dans son texte. [La soprano canadienne] Leslie Ann Bradley parle très bien le français, pour avoir habité Montréal quelques années, et son accent anglais, dans les circonstances, est parfait. Dans le cas du baryton Armando Noguera, il est Argentin, mais il a fait ses études à Paris, et il a un français de très bonne qualité, avec un petit accent latin qui n’est pas désagréable du tout pour le personnage du prince Danilo.»

François Racine a pu compter sur une bonne collaboration des interprètes pour bâtir leurs personnages: «Les deux ont déjà joué le rôle qu’ils tiennent ici, alors ils avaient leurs idées sur le sujet, et c’est tant mieux, parce que j’espère toujours que les interprètes pourront contribuer à la création de leur personnage; ça a vraiment été un dialogue sur ce plan-là.»

Le metteur en scène connaît bien la plupart des autres interprètes pour les avoir croisés au fil de productions précédentes, aussi le travail se fait-il dans la bonne humeur. «On peut s’attendre à rire, ça, c’est certain! À vrai dire, je mise tout là-dessus! J’ai commencé mon métier avec l’opérette, alors quand j’y reviens, je me retrouve dans mon milieu, dans quelque chose qui m’a beaucoup stimulé, et j’aime ça.» À nous maintenant d’y succomber.

Les 18, 21, 23 et 25 octobre au Grand Théâtre de Québec