Festival Phénoména / Sophie Cadieux sur les traces de Duras et Beauvoir
Scène

Festival Phénoména / Sophie Cadieux sur les traces de Duras et Beauvoir

Des femmes, de l’amitié et de la botanique. En compagnie de la comédienne Laurence Dauphinais, Sophie Cadieux propose un parcours sonore croisant les voix de Marguerite Duras et Simone de Beauvoir, dans le cadre du festival Phenomena, au Champ des Possibles. L’aventure porte l’intriguant titre Juste parce que c’est beau (entretiens botaniques). Discussion.

Sophie Cadieux et Laurence Dauphinais (vue récemment dans Cinq visages pour Camille Brunelle) ne se connaissaient pas du tout il y a quelques mois quand elles ont décidé de travailler ensemble à un projet artistique sur «l’amitié féminine». «On s’est alors dit, explique Cadieux, qu’on allait essayer de devenir meilleures amies, pour voir si ça se pouvait!»

L’histoire ne dit pas si l’amitié pure et durable est déjà au rendez-vous (faut quand même laisser le temps au temps) mais les deux jeunes femmes n’ont pas tardé à se découvrir une passion commune pour les oeuvres de Marguerite Duras et Simone de Beauvoir. «Elles représentent, chacune à leur manière, l’archétype de la femme intellectuelle palpitante et accomplie. On a eu l’intuition que quelque chose de grand allait émerger du croisement de leurs paroles et de leurs pensées. Pourtant, elles n’étaient pas amies.»

Au fil du bouquinage et de l’écoute assidue d’archives audio, Laurence et Sophie s’aperçoivent que Duras et Beauvoir partageaient davantage que l’acuité intellectuelle. Dans leurs écritures apparaît peu à peu un espace très intime, où les femmes de tête qu’elles étaient évooquent leur passion pour le jardinage et la cusine. Ne craignant pas l’étiquette de domesticité que ces passe-temps peuvent attirer, elles en parlent avec fougue et intelligence, de manière étonnamment introspective.

«Les lire à ce sujet nous a invité à des réflexions sur la féminité; sur les exigences féminines et sur la multiplicité des rôles joués au quoidien par les femmes, même celles qui s’illustrent sur la sphère intellectuelle et dont on ne soupçonnerait pas à priori cette inclination pour la botanique ou la boulange.»

Au Champ des possibles, munis de casques d’écoute et de leurs téléphones intelligents, les spectateurs sont donc invités à un parcours dans la verdure, où ils partent à la recherche de codes QR à scanner pour déclencher des extraits audio «introspectifs». «C’est un parcours sonore, explique Sophie Cadieux, dans lequel on entendra les voix de Duras et Beauvoir telles qu’on les a récoltées dans différentes archives, notamment les archives nationales françaises (INA), une véritable mine d’or. Nos voix se mêlent aux leurs et on a aussi glissé des extraits de leurs oeuvres. Pour nous, ce parcours est une première étape de travail.»

Une amitié fantasmée par les archives? Pourquoi pas?

 

Le mercredi 22 et vendredi 24 octobre de 18 h à 20 h au Champ des possibles, entrée côté ouest (juste après le 5455, rue de Gaspé)