Keep me in mind, présenté par le Goethe Institut / Mémoire à relais
Scène

Keep me in mind, présenté par le Goethe Institut / Mémoire à relais

Le Goethe Institut invite les Montréalais à venir rencontrer dans un cadre intimiste des «passeurs d’histoire» dans Keep me in mind, une performance dans laquelle les récits de sept survivants de la Shoah vous sont presque chuchotés à l’oreille. On est allés tenter l’expérience. 

Ils se nomment Benjamin Ginzburg, Miriam Kremin, Josef Künstlich, Ester Liber, Leakadia Szlak, Siegfried Teller et Sara Zamir. Ils vivent tous aujourd’hui en Israël. Dessinées d’un trait naïf sur des papiers blancs ou évoquées par des objets et des photos, leurs histoires parviennent aux spectateurs montréalais par l’entremise de messagers qui nous racontent leurs vies et leur passage dans les camps de concentration en toute simplicité, autour d’une table où s’asseoient à la fois 4 ou 5 personnes, oreilles ouvertes et yeux curieux. Une expérience de narrativité intimiste, toute simple, sans artifices, sous une lumière crue.

«Pendant deux ans, lit-on sur le site du Goethe, la metteure en scène Christina Friedrich a vécu et travaillé à Haïfa avec les survivants. Cela a débouché sur la création de sept enveloppes contenant des dessins.»

Je me suis assis à la table où fut ouverte l’enveloppe de Leakadia Szlak, une Polonaise qui a notamment vécu à Montréal après l’Holocauste et qui, aujourd’hui âgée de près de 90 ans, continue de briller de mille feux en portant des vêtements extravagants et colorés. «Je confirme son penchant pour le glamour», s’est exclamé une femme assise à la même table que moi ce soir-là. C’était la fille de Leakadia. J’étais tombé par hasard sur la soirée où une partie de la famille de la survivante était venue se faire raconter à nouveau une histoire sans doute maintes fois entendue. C’est ce qu’on appelle le devoir de mémoire.

L’expérience de la Shoah et le désir de mener une vie glamour peuvent-ils vraiment être conciliables? Voilà qui semble être l’un des parti-pris de Keep me in mind: évoquer l’horreur en insistant sur la luminosité des parcours des survivants, en montrant la capacité de se redresser et de traverser l’existence avec une inébranlable foi en l’avenir. L’histoire de Leakadia Szlak est ainsi montrée dans toutes ses nuances: de la douloureuse séparation d’avec sa mère en bas âge jusqu’à l’évocation du crématorium et des miettes de pain infestées de coquerelles, le récit évoluera vers l’espoir et les multiples renaissances. À travers l’amour – Lea aura eu plusieurs hommes dans sa vie – et le souvenir d’un heureux début d’enfance à rêver de cinéma hollywoodien.

Oui, il y a une vie après l’Holocauste.

 

La performance Keep me in mind est présentée jusqu’au 26 octobre par le Geothe Institut à la Maison du développement durable, de 17h à 21h la semaine et de 14h à 18h le weekend, salle Saint-Laurent, 50 rue Ste-Catherine Ouest
En anglais et en français
Entrée libre