Réal Bossé / Rue Fable / La rue de tous les possibles
Scène

Réal Bossé / Rue Fable / La rue de tous les possibles

Avec Rue Fable, le théâtre Omnibus donne le coup d’envoi d’une nouvelle ère de direction artistique tricéphale rassemblant les esprits créateurs de Réal Bossé, Jean Asselin et Sylvie Moreau. Regard sur cette production et sur un trio qui risque de chambouler un peu les mœurs de la compagnie.

Ceux qui suivent la compagnie depuis quelques années savent que Jean Asselin prépare le terrain depuis les cinq ou six dernières saisons, donnant de plus en plus de place à Réal Bossé et Sylvie Moreau mais aussi à une relève très active qui a trimballé avec elle de nouvelles idées et donné un souffle différent à la compagnie: Anne Sabourin, Christian Leblanc, Pascal Contamine, ainsi que de jeunes interprètes comme Xavier Malo et Solo Fugère. Tout ce beau monde était d’ailleurs du spectacle Rêves, chimères et mascarades, qui avait en quelque sorte lancé en 2009 une nouvelle ère chez Omnibus. Le théâtre corporel, qu’on appelait encore «mime» à une époque pas si lointaine,  s’y réaménage et s’y diversifie.

Omnibus se plaît d’ailleurs de plus en plus dans les spectacles oniriques, multidimensionnels et fragmentaires: cette nouvelle direction artistique risque de cultiver cet intérêt. Mais Réal Bossé dit qu’il ne tient pas à enfermer tout de suite le nouveau partenariat dans une direction esthétique précise, pour garder intact le plaisir de confronter les styles de chacun et pour laisser l’hydre à trois têtes accoucher de propositions inattendues. Autrement dit, tout est possible.

«À trois, on se bouscule souvent, mais on négocie très rapidement les uns avec les autres. Plutôt que de se contester et se remettre en question sans arrêt, on travaille plutôt dans le sens de bonifier notre travail à partir de la perspective des autres, davantage par ajouts, par couches.»

Bossé promet même de faire jouer le fondateur Jean Asselin bien plus souvent. «C’est une machine, j’adore le voir sur scène et sa maîtrise du corps est exceptionnelle. On serait fous de s’en passer!»

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Rue Fable est un spectacle adoptant une narrativité hachurée, croisant les genres et les récits sans complexes. «Il y a toutes sortes d’esthétiques dans ce spectacle, explique Bossé. Du mime d’évocation; de la fabulation corporelle, très onirique et peut-être même abstraite, mais qui engendre de multiples interprétations; parfois du travail physique plus typé. Vraiment tout ça. Il y a des moments de grande poésie mais aussi de stupidité profonde – car on est capables de beaucoup d’autodérision, tous les trois.»

Une rue. Des personnages s’y croisent et s’y décroisent. Le spectacle pourra évoquer les enjeux de la cohésion sociale, le vivre-ensemble, le partage du territoire. Mais ce sont avant tout 6 personnages imbriqués dans un réseau infini de rencontres inopinées et de récits entremêlés. «Une rue, dit le comédien, est un lieu de passage, de mouvements, de rencontre, d’amour, de haine, de caresses et d’autres choses. L’idée est d’explorer comment une petite rue est en elle-même porteuse d’une multiplicité de narrations et de fables apologétiques, qui auront le pouvoir de nous mettre en garde ou seront extrêmement révélatrices, porteuses de grandes vérités.»

 

Jusqu’au 15 novembre à l’Espace Libre