2014 / 3 pièces qui ont ausculté la condition féminine
On emballe 2014: La langue rapaillée, idées cadeaux et coups de cœur

2014 / 3 pièces qui ont ausculté la condition féminine

Une tendance est-elle en train de naître? Tout à fait dans l’air du temps, 3 pièces de théâtre ont utilisé la scène comme lieu d’une nouvelle prise de parole féminine et féministe en 2014. On se croirait parfois de retour en 1980, quand le Théâtre Expérimental des Femmes enflammait les scènes montréalaises. Rétrospective.

 

Elles XXX: le féminin renouvelé

ELLES XXx 2 crédit photo Marquis Montes

Elles ont été associées, plus ou moins à tort, au mouvement Femen. Les comédiennes Marie-Pier Labrecque et Mylène Mackay sont des féministes d’aujourd’hui qui cherchaient, dans le spectacle Elles XXX, à comprendre la féminité actuelle et ses obsessions de la performance (notamment). Elles ont voulu, comme elles nous le disaient en entrevue plus tôt cette année, «explorer les codes de l’ancien féminisme pour les déconstruire, les adapter au goût du jour, les décortiquer, à travers un féminisme mixte et un féminisme humaniste, qui décolle des vieux archétypes de la militante en colère contre le patriarcat pour aller davantage vers une réflexion sur la femme d’aujourd’hui, aliénée par son désir de performance et par la pression mise sur elle par une société qui exige la perfection féminine à tous points de vue.»

Résultat? Un spectacle éclaté, inégal, mais assez férocement critique et souvent formellement excitant dans sa manière de tordre les codes de la comédie musicale ou les images stéréotypées de la pub. La compagnie Bye bye Princesse, qui nous a donné ce premier essai plutôt convaincant dans l’ensemble, va se commettre à nouveau en 2015. On les retrouvera à nouveau sur la scène de La Chapelle au mois de mai dans Je te vois me regarder. À suivre.

 
 

Je ne suis jamais en retard: le féminin requestionné

liseOn avait beaucoup d’espoir pour cette pièce collective dirigée par Markita Boies et Lise Roy, femmes mûres qui ont connu toutes les époques du féminisme contemporain et avaient envie de poser un regard rétrospectif et actuel sur leur rapport (changeant) à la condition féminine. Elles se sont entourées de femmes de plusieurs générations et de différents milieux pour inventer un spectacle sobre, dans lequel le monologue théâtral était allait être servi sans fioritures. Elles nous racontaient en entrevue, à la une de notre édition du 6 novembre, se demander «qu’est-ce qu’être une femme en 2014 au Québec?». «Suis-je encore, questionnait Markita Boies, la femme des années 1970 qui, d’une certaine manière, était en colère contre les hommes?»

Le spectacle qui en a résulté était déconcertant dans la mesure où il dérogeait de ce qui avait été annoncé, portant souvent une parole sortie d’une autre époque, notamment au sujet de la religion et dans le rapport au masculin, encore coincé dans les filets du désir dévorant ou alors d’un étonnant sentiment d’infériorité et de rage sourde. Mais il y avait aussi là quelques idées à méditer, notamment sur le vieillissement au féminin.

 

 

T’en souviens-tu Pauline?: féminité et politique

audreesouthiere_sebastienlavallée_webPauline Julien, la chanteuse mais surtout la femme engagée, peut-elle servir d’inspiration à une nouvelle génération en quête d’affirmation collective? Oui, répondait plus tôt cette année la comédienne Audrée Southière, qui lui a consacré le spectacle T’en souviens-tu Pauline?.

Si la question du féminin n’est qu’une facette parmi d’autres dans cette pièce qui flirte un peu avec le tour de chant, la parole féministe de la chanteuse y était grandement considérée. Voir n’a pas pu assister à l’une des représentations mais a récolté les paroles de la comédienne qui se plaisait à voir dans la parole de Pauline Julien un incitatif à poursuivre le combat féministe. «Au Théâtre Acharnée, disait-elle, on a toujours revendiqué un féminisme arrimé à celui des générations qui nous ont précédés. Je n’ai pas peur de m’identifier à la lutte des femmes québécoises des années 1960, qui me semble correspondre encore parfaitement à notre société.»)