Kevin McCoy / Norge : La fille qui est partie de chez elle à 14 ans
Scène

Kevin McCoy / Norge : La fille qui est partie de chez elle à 14 ans

Mystères et déracinements sont au cœur de cette pièce choisie par le Trident. Un spectacle tiré de faits vécus, l’histoire vraie d’une ado probablement prépubère au moment de déménager de l’autre côté de l’océan.

Pourquoi la grand-mère de Kevin McCoy est-elle partie de la Norvège? Ça, c’est une question qui reste en suspens malgré des recherches in situ. «Nous, nous pensons qu’elle est partie toute seule. Mais c’est difficile de chercher des réponses pour quelqu’un qui n’est pas vivant. Ma grand-mère est décédée dans les années 1960. […] C’est ma mère qui m’a parlé de ma grand-mère tout au long de ma vie, qui m’a vraiment légué cette histoire, ses mystères. C’est devenu comme mythique pour moi, même si c’était une personne toute simple.»

Sa mamie est le moteur de la pièce, certes, mais McCoy jure qu’il ne s’agit pas là d’un récit narratif classique et qu’il se garde une certaine pudeur en ne révélant pas tous les détails.

Norge est en fait le monologue d’un homme, accompagné d’une pianiste (Esther Charron), qui raconte la vie de son aïeule en explorant son passé. «Y a aussi un certain portrait culturel ou artistique, un discours entre nous et les artistes de l’époque de la naissance de ma grand-mère: Henrik Ibsen, Edvard Grieg le compositeur norvégien et Edvard Munch le peintre. »

En plus des esprits qui hantent la pièce, l’auteur et unique interprète partage la scène avec des entités non tangibles, comme fantomatiques. Le son (François Leclerc), le décor (Yasmina Giguère), la vidéo (Lionel Arnould) et l’éclairage (Laurent Routhier) sont «comme des personnages qui viennent en avant pour nous parler à un moment donné». Le travail de Routhier a, plus précisément, une forte valeur symbolique. «On parle d’un pays comme le nôtre, nordique, où il y a des mois de noirceur totale ou presque, au nord de la Norvège comme au nord du Canada. On a des mois de noirceur complète, on a des mois de soleil complet. L’idée de la lumière ou de l’absence de lumière est très importante dans le spectacle.»

Aussi dans l’équipe: Arielle Warnke St-Pierre, danseuse contemporaine, qui s’est chargée de la mise en mouvements.

 

De 2 personnes à 506 sièges

Les débuts de la carrière de Kevin McCoy ont été très humbles. «J’ai déjà joué devant deux personnes quand j’étais à Chicago, dans un spectacle avec deux personnes. C’était ma première création, Frank’s Corner, et on jouait dans un bar. C’était moi et un trompettiste sur scène, donc il y a un lien avec ce que je fais ici.» Son leitmotiv depuis ce soir-là? «Il faut donner», peu importe le nombre de personnes dans l’assistance et la grosseur de la salle.

Arrivé à Québec il y a 18 ans, l’artiste déjà bien connu à Chicago a tout laissé par amour pour son célèbre conjoint Robert Lepage. «C’est une rencontre qui m’a bouleversé, qui a changé ma vie, et ça m’a fait déménager, ça m’a fait apprendre une autre langue, ça m’a fait grandir, parce que quand on apprend une autre langue, c’est comme mettre les souliers de quelqu’un d’autre. On voit différemment les choses aussi.»

Bien plus que «le chum de», Kevin McCoy prend le Trident d’assaut pour la première fois, 18 ans pile-poil après avoir présenté sa première pièce coécrite avec une Anne-Marie Olivier fraîchement sortie du Conservatoire. Chanceux dans ses rencontres? Oui, assurément. Mais aussi terriblement persévérant et chaleureux.

 

Du 3 au 28 mars

Théâtre du Trident

Infos
Fermer
Plein écran