FBDFQ / Rouge Ketchup : Huis clos cauchemardesque au sous-sol du Cercle
Scène

FBDFQ / Rouge Ketchup : Huis clos cauchemardesque au sous-sol du Cercle

Red Ketchup, le personnage indémodable de Réal Godbout et Pierre Fournier, est au centre d’un spectacle multidisciplinaire mis en scène par l’homme de théâtre Jocelyn Pelletier. Une proposition délirante et résolument contemporaine présentée exclusivement dans le cadre du Festival de la bande dessinée francophone de Québec.

Apparu pour la toute première fois dans le magazine Croc et, plus précisément, dans les cases de la série Les aventures de Michel Risque, Red Ketchup n’a pas mis tellement de temps pour devenir une vedette du 9e art au Québec. Un des premiers porte-étendards de la bande dessinée d’ici.

Le célèbre antihéros touche à une certaine fibre nostalgique, certes, mais les réflexions qu’il suscite sont encore drôlement pertinentes même trois décennies plus tard. Raymond Poirier, idéateur de l’œuvre éphémère qui s’adonne à aussi être blogueur au Voir , détaille: « On était tous séduits par le côté actuel qui ressortait de la BD. […]  Cette bande dessinée là aurait pu être écrite y’a cinq ans ou l’année passée même. C’est pas pour rien qu’ils ont sorti un septième tome ce printemps. Y’avait une actualité, y’avait une résonnance avec les préoccupations qu’on a aujourd’hui. »

La première apparition de Red Ketchup dans le magazine Croc en avril 1982 (via Facebook)
La première apparition de Red Ketchup dans le magazine Croc en avril 1982 (via Facebook)

 

Voyage au centre de la tête

L’angle d’attaque de Jocelyn Pelletier pour Rouge Ketchup, c’est vraiment la psyché du personnage. C’est avec à partir de ce thème que les Frédérique Laliberté (art vidéo), Érick D’Orion (art audio), Francis Desharnais (BD) et Paul Brunet (arts visuels) ont confectionné une installation performative. D’ailleurs, ils interagissent tous ensemble via leurs disciplines respectives.

On est dans le cerveau de cet agent du FBI, comme dans un cauchemar, jusqu’à ce que ce dernier prenne ses médicaments. Des moments d’accalmie qui permettent au récepteur de respirer, même si Pelletier est catégorique : « je veux que ce soit une expérience globale et à la limite, dérangeante. » Pour se faire c’est l’entièreté du sous-sol du Cercle qui sera transformée en chambre d’hôtel, « trashée » comme pour refléter le désordre mental du personnage. Une scénographie signée Karine Mecteau-Bouchard. Un environnement sonore et visuel confectionné dans l’urgence, idem pour le show en tant que tel.

Autre détail non négligeable pour se donner un avant-goût: les dialogues n’ont pas vraiment leur place. « C’est vraiment les images et la musique [qui priment]. De toute façon, parler, ça devient très anecdotique et c’est pas très intéressant. Mais je pensais à aller de l’avant avec un espèce de langage déformé proche de l’exploréen de Gauvreau. On verra. Je trouvais que ç’avait du sens vu qu’il est dans sa tête.» Moins d’une semaine avant la première et au moment d’écrire ces quelques lignes, Jocelyn Pelletier et son équipe n’avaient pas mis la touche finale. 

 

On aime le détester

Quand on demande à Jocelyn Pelletier de décrire Red Ketchup, ses mots s’envolent. « C’est vraiment quelqu’un qui a profondément une haine et des peurs et qui est comme vraiment arrêté dans ses idées. Fait que c’est vraiment quelqu’un de, comment dire, bucké. Vraiment rétrograde, misogyne, violent. »

Ouais mais là Jocelyn, arrives-tu à t’y attacher un peu quand même? « J’aime son côté kill them all. […] Là où on se rejoint, c’est dans l’appel de l’extrême. » L’entendez-vous aussi?

 

Les 24, 25 et 26 mars à 20h

Sous-Sol du Cercle