Scène

Le Québec à Mons: une expérience ado-sonore avec L’eau du Bain

À Montréal, Anne-Marie Ouellet a créé le spectacle Impatience avec des ados de différents quartiers, les plongeant dans une expérience de dévoilement de soi sous forme de théâtre sonore. La voici en Belgique, répétant l’expérience avec des ados montois et ajoutant une couche interculturelle à ce riche travail.

La programmation toute québécoise de la Maison Folie à Mons (capitale culturelle européenne 2015) nous a permis de rattraper ce spectacle qu’on avait raté à l’Usine C en février. Impatience, expérimentation sonore de la compagnie L’eau du bain, avec des vrais ados et deux comédiens professionnels (ici Philippe Racine et Sara Simard), a été recréé avec des ados wallons aux profils variés: Clémentine est une punk au coeur tendre; Nicolas un garçon taciturne qui aime Indochine et Margo une future institutrice qui sort beaucoup avec ses amies.

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Sara Simard, Nicolas Kokinos et Margo DeKoninck dans Impatience, version Mons / Crédit: Jonathan Brisson

On les découvre au gré de petits dévoilements et confidences lancées face public, au micro, et par un parcours sonore dans leurs goûts musicaux: Impatience tire profit des technologies sonores développées par la compagnie L’eau du bain, autour d’un système de casques d’écoute dans lequel les ados reçoivent des consignes ludiques. Avec eux, les comédiens québécois jouent le même jeu, ce qui permet un riche propos sur l’avenir dans lequel se projettent les ados mais aussi le regard rétrospectif des adultes ramenés brutalement à leurs propres rêves d’adolescence. Le spectacle s’amuse aussi à brouiller les pistes, à flirter avec la vérité autant qu’avec la fiction, aménageant ici et là des petits mensonges qui font la beauté de la construction identitaire de l’ado.

En entrevue en février, la metteure en scène Anne-Marie Ouellet nous disait chercher «depuis des années, des manières de favoriser un jeu performatif, instantané, immédiat, débarrassé des tics de l’acteur bien formé; quelque chose qui soit de l’ordre de la présence brute, de la mise en jeu réelle de soi, de sa propre présence». Elle n’est pas seule à chercher cette vitalité et cette désinvolture chez des non-acteurs: une tendance lourde de la scène contemporaine. Mais force est de constater que ça fonctionne plutôt bien avec des ados enthousiastes. L’authenticité, dans ce spectacle, est criante, malgré les quelques monologues plus travaillés ou la mise en place un peu scolaire autour de quelques cubes blancs.

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Marilyn Perreault dans Ainsi parlait à la Maison Folie de Mons / Crédit: Jonathan Brisson
Marilyn Perreault dans Ainsi parlait à la Maison Folie de Mons / Crédit: Jonathan Brisson

 

La veille de la première représentation d’Impatience à la Maison Folie, Frédérick Gravel et Etienne Lepage offraient leur spectacle Ainsi parlait: mélange organique de gestuelle hachurée et de parole frontale. Depuis les représentations montréalaises de 2013, ce spectacle a connu une version anglaise et se joue avec de nouveaux interprètes: Frédérick Gravel lui-même a repris la partition de Daniel Parent alors que Frédéric Lavallée reprend le rôle créé par Eric Robidoux. Différents corps, différentes voix font nécessairement un spectacle assez différent, mais la fusion naturelle de la danse et du théâtre se déploie de manière encore aussi percutante.

 

En rappel: notre critique du spectacle vu à Montréal en septembre 2013

 

La soirée se terminait avec un concert intimiste d’Avec pas d’casque – toujours un plaisir énorme de voir ceux-là sur scène. Le comble: ils ont joué leurs deux dernières chansons en version acoustique en plein-air près du feu: moment de communion exquis devant un public de Belges et de Québécois absolument conquis.

 

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Notre journaliste est à Mons avec le soutien des Offices jeunesse internationaux du Québec (LOJIQ) et de Wallonie-Bruxelles Tourisme.