Les contes à passer le temps : Dickens à la mode de chez-nous
Scène

Les contes à passer le temps : Dickens à la mode de chez-nous

C’est maintenant une tradition bien ancrée à Québec. Alors que le quartier Petit Champlain revêt ses couleurs féeriques, les amoureux d’histoires fantastiques se réunissent à l’abri des Voûtes de la Maison Chevalier.

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C’est là et depuis sept ans que les Contes à passer le temps attirent un public intergénérationnel, des gens issus d’horizons divers. Cette année ne fait pas exception, alors qu’une grande partie de l’assistance découvrait le spectacle pour la toute première fois, guidée par leur curiosité e l’odeur sucrée des gâteaux et du vin chaud qu’on y sert annuellement. Une fois de plus, c’est à travers les paysages des quartiers de Limoilou, Saint-Roch, Saint-Sauveur, Montcalm, Saint-Jean-Baptiste et du Vieux-Québec que l’équipe coordonnée par Maxime Robin revisite la ville.

Plutôt que le chassé-croisé auquel La Vierge Folle nous avait habitués (où les membres de la distribution étaient aussi auteurs), les équipes d’écriture et d’interprétation sont cette fois bien distinctes. Parmi les auteurs invités, Isabelle Hubert, Joëlle Bond, Jean-Michel Girouard, Marc-Antoine Marceau ainsi que les habitués Sophie Grenier-Héroux, Maxime Robin et Sophie Thibeault.

Renouer avec l’émerveillement

Les quelques deux heures que durent la représentation passent en un éclair, au rythme des fables racontées par des personnages plus grands que nature, plantés dans d’ingénieux décors. Le défunt Photo Presto de la Basse-Ville, le QG des opérateurs de souffleuses de Saint-Sauveur, en passant par les sommets du somptueux Château Frontenac; les lieux les plus mystérieux de la Capitale se dévoilent sous le regard émerveillé des spectateurs.

Les contes à passer le temps (Courtoisie: Cath Langlois)
Les contes à passer le temps (Courtoisie: Cath Langlois)

Les contes sont efficaces, parfois drôles, parfois mordants, toujours touchants. Une fois de plus l’originalité des flamboyants personnages réussit à faire réagir le public. Cette année-ci, le multiculturalisme, la tolérance et l’ouverture sont des thèmes récurrents dans les textes, presque une ligne directrice. Autre nouveauté: la musique et les chants, intégrés à chaque des courtes pièces de la série, parfois malhabilement cousus au reste du texte, mais toujours interprétés avec aplomb par la talentueuse distribution. Globalement, cette mouture des Contes à passer le temps est fort réussie.

Le jeu des comédiens qui campent ces raconteurs d’histoires y est pour beaucoup. Soulignons, d’une part, la performance de Linda Laplante, incarnant une extravagante metteure en scène paroissiale décidée à transformer la scène de la Nativité en véritable comédie musicale. À ce chapitre, l’étoile du match revient sans doute à Jacques Leblanc, dont l’interprétation de Cornelius Van Horne (ce riche investisseur responsable de la construction du Château Frontenac) n’est pas sans rappeler son incarnation d’Harpagon dans L’Avare de Molière. Ce dernier conte, signé de la main de Maxime Robin, met en parallèle la véritable histoire de Van Horne et A Christmas Carol, la fiction de Charles Dickens. Ajoutez à ça quelques clins d’oeil savoureux au Shining de Kubrick et tous les ingrédients y sont pour clore une soirée de contes riche en émotion.

Jusqu’au 30 décembre à la Maison Chevalier
(Une présentation de Premier Acte)