Société

Kosovo : L’information bâillonnée

Depuis l’expulsion des journalistes étrangers au début des frappes de l’OTAN contre la Yougoslavie, la radio B92 était considérée comme l’une des dernières sources d’information indépendantes et fiables. Bannie des ondes par les autorités yougoslaves, elle faisait paraître ses bulletins de nouvelles sur Internet. Ceux-ci étaient repris par plusieurs radios de la région et retransmis là-bas par la BBC. Mais, vendredi dernier, des policiers ont débarqué dans les locaux obligeant les journalistes à cesser toute activité et à quitter les lieux sur-le-champ. Du même coup, le directeur de la station a été congédié et remplacé par un membre du parti du président Slobodan Milosevic, plaçant ainsi cette radio sous contrôle gouvernemental.

Pourtant, l’équipe en place semble décidée à se battre. Son dernier bulletin – qui, ironiquement, relate la fermeture de la station – se termine sur ces mots: «STRUGGLE CONTINUES. WE SHALL NEVER SURRENDER. RADIO B92, BELGRADE, SERBIA.» Les esprits militants qui veulent appuyer B92 peuvent consulter le site Internet Help B92 (http://helpb92.xs4all.nl), où sont proposées diverses façons d’apporter son soutien.

De son côté, un moine orthodoxe serbe mène un combat similaire. Du haut de son monastère, Sava Jajic envoie chaque jour des textes, souvent interdits par le gouvernement, par courrier électronique aux quelque 300 abonnés de sa liste. Le «cyber-moine» surfe lui-même sur le Net pour trouver des nouvelles, notamment des articles rédigés par d’autres médias et bannis par les autorités. Le reste de ses informations provient des vagues de réfugiés qui envahissent le monastère depuis quelques mois. Sava Jajic garde aussi contact avec quelques internautes à travers le Kosovo. Les autorités yougoslaves n’ont pas encore osé le museler. Mais déjà la fermeture de B92, dernière d’une série d’attaques contre les médias indépendants, porte un dur coup à l’information en Yougoslavie.